"Trop lourds", "injonctifs", "chronophages": les programmes de 2008 de l'école primaire sont très contestés par les enseignants, consultés à partir de lundi et qui réclament la fin des "empilements" et des "changements de cap incessants".
Le ministre de l’Education nationale Vincent Peillon a lancé lundi une consultation des professeurs des écoles, qui s’achèvera le 18 octobre, concernant les programmes, cinq ans après la réforme d’un de ses prédécesseurs, Xavier Darcos, en 2008.
La synthèse sera transmise au Conseil supérieur des programmes (CSP) qui sera prochainement mis en place. Une deuxième consultation est prévue en mai-juin 2014 sur la base du projet de nouveaux programmes qui aura été élaboré par ce CSP. Cette consultation servira de base à une refonte des programmes qui seront appliqués à la rentrée 2015.
Les enseignants "sont ceux qui connaissent le mieux les programmes. Il est important de connaître leur sentiment, avec une analyse assez précise", a déclaré lundi M. Peillon, lors d’un déplacement dans une école maternelle de Saint-Denis-de-Pile (Gironde).
La consultation permet aussi aux enseignants de "s’approprier les nouveaux programmes", explique Philippe Joutard, ancien recteur. Cette procédure avait été adoptée pour les programmes de 2002, "très consensuels", ajoute cet historien qui avait présidé la commission alors à la manoeuvre.
En revanche, les programmes Darcos "ont été fabriqués dans un bureau obscur du ministère, sans aucune concertation", déplore Christian Chevalier, du syndicat d’enseignants SE-Unsa. "Il est important de tourner la page d’un épisode calamiteux" et "de mettre fin à des changements de cap incessants", réclame Sébastien Sihr, du syndicat SNUipp-FSU.
En mathématiques, "le poids est donné aux quatre opérations au détriment de la résolution de problèmes" et des éléments du programme qui étaient enseignés au collège le sont en élémentaire, comme "la manipulation de l’équerre demandée dès le CP".
"La connaissance est un tout, ce n’est pas une fragmentation. La leçon de lecture, par exemple, peut se faire à partir d’un texte historique simple", souligne M. Joutard.
Les enseignants ont souvent du mal à finir les programmes dans le temps imparti, alors même que le nombre d’heures de cours a baissé en 2008 avec la précédente réforme des rythmes scolaires qui supprimait la classe le samedi matin, fait-il aussi observer.
Christian Chevalier note également que les programmes "n’ont pas pris en compte les évolutions du système éducatif", comme la mise en place en 2005 du socle commun de connaissances et de compétences que doivent acquérir les élèves, du CP à la fin de la scolarité obligatoire.
Il réclame la fin des "empilements", relevant que "depuis 20 ans, on a rajouté l’enseignement du numérique, d’une langue vivante… mais on n’a rien enlevé".
Surtout, "la loi de refondation prévoit un arrimage de l’école au collège et il va falloir que très rapidement on anticipe le raccrochage de ces programmes à ceux du collège", souligne Christian Chevalier.
Vincent Peillon a appelé de ses vœux des "programmes qui font que notre pays ne soit plus dans le déclin" pédagogique souligné par de nombreuses études, et que les élèves aient "confiance" dans leur "capacité à réussir".
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