Sur internet, les agences spécialisées prospèrent en mettant à disposition des travailleurs intérimaires polonais, roumains, hongrois, espagnols, portugais...et cela sans formalités. Pas de bulletins de salaires, pas de déclarations Urssaf, pas de cotisations sociales seulement une facture hebdomadaire pour ces esclaves modernes. Appelés pudiquement "travailleurs détachés", ils travaillent en théorie aux conditions de leurs pays d'origine en touchant la rémunération du pays d'accueil et cela pendant une durée déterminée de vingt-quatre mois maximum. Dans la pratique, les salaires seraient abusivement calculés en fonction du pays d'origine.
En 2011, la Commission européenne estimait leur nombre à 1,5 millions dont 145.000 en France, chiffre en augmentation, crise oblige. La France aurait recours aujoud'hui à 300.000 salariés détachés, principalement dans le secteur du bâtiment, du transport et de l'agroalimentaire. "Esclaves modernes", ignorant leurs droits, ne parlant pas la langue du pays où ils travaillent, n'osant témoigner de peur d'être licenciés.
Deux rapports, un des députés Savary, Guittet et Piron, l'autre du sénateur Boquet ont mis l'accent sur ces travailleurs low cost et cette concurrence déloyale. Jusqu'à quand l'Europe pourra-t-elle tolérer ce genre de pratiques sans voir son image un peu plus ternie. Le sujet devrait être abordé lors du prochain conseil des ministres des vingt-huit en décembre prochain. Si la France monte au créneau avec le ministre du Travail, Michel Sapin qui multiplie les contrôles sur le terrain, les chefs d'entreprise commencent à s'emparer du sujet face à cette concurrence déloyale.
article du nouvel observateur : Martine Gilson
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