- L'embargo mis en place par la Russie sur les viandes de porc européennes suite à la déclaration de peste porcine africaine en Lituanie puis en Pologne n'est pas justifié d'un point de vue sanitaire.
- La Commission, au nom de l'UE, mais également la France, le Danemark et les Pays-Bas, négocient sans relâche depuis des semaines pour mettre un terme à ces mesures injustes, qui pénalisent les producteurs européens, mais également les transformateurs et les consommateurs russes.
- La recherche d'une issue rapide et d'un compromis est la priorité de la Commission et de la France, mais les Russes ne semblent pas enclins à progresser.
- L'ouverture d'un panel à l’OMC à l'encontre de la Russie pourrait se justifier en cas d'impossibilité à aboutir à une solution négociée. A ce stade, la Commission y réfléchit. Conformément à la procédure, elle consultera les États membres dans le cadre du comité de politique commerciale du 4 avril avant d'engager une telle action.
- Les services du ministère vont expertiser les solutions permettant d'éviter un éventuel panel, afin de tenir compte au mieux des intérêts économiques de la filière porcine.
- La décision interministérielle visant à arrêter la position de la France interviendra toutefois dans le contexte plus large des récents évènements en Ukraine.
- Les échanges techniques ont été intenses, dans tous les formats, avec les russes, avec la Commission, et avec les autres Etats Membres concernés. La France a poursuivi des échanges bilatéraux avec la Russie pour expliquer sa propre situation, sans se désolidariser de l’approche collective communautaire : il est important, tout en promouvant nos intérêts, de ne pas prêter le flanc à la critique de la Commission et surtout de ne pas donner à la Russie une opportunité de s’appuyer sur des divisions internes à l’UE pour gagner du temps,
- Aucun pays n’a obtenu la réouverture du marché russe : certaines rumeurs ont fait état d’accord obtenu en solo par certains Etats Membres. Ils ne correspondent pas à la réalité : certains ont tenté, de façon plus ou moins cachée, d’obtenir des accords bilatéraux, mais sans succès.
- Compte tenu des tensions politiques avec la Russie, la tentation de certains acteurs de la filière d’essayer de régler le dossier au plus haut niveau politique est hasardeuse. Ce serait lier ce dossier à la situation en Ukraine et en Crimée et courir le risque de l’enlisement. Au contraire, conserver le dossier au niveau technique permet peut-être d’envisager une issue technique dans laquelle tout le monde sauverait la face : il faut éviter que du point de vue russe, la réouverture soit empêchée par la peur qu’elle soit considérée par l’opinion publique comme une reculade dans le face à face politique actuel avec l’UE,
- En pratique, la France est moins directement touchée que d’autres pays d’Europe du Nord, car les volumes français exportés sont plus limités que les volumes allemands par exemple. Mais l’absence de débouchés pour les pays d’Europe du Nord engorge le marché communautaire et conduit des opérateurs à chercher à exporter sur notre propre marché, renforçant ainsi la concurrence dans une filière déjà fragile.
- L’impact sur la filière a été fort dans les premières semaines, avec une baisse significative du prix du porc en février (d’un peu plus de 1.50 euros/kg à un peu moins de 1.40 euros/kg), au mauvais moment car le cours du porc avait entamé une remontée depuis le début de l’année. Cela dit, la baisse s’est interrompue et le cours est remonté depuis la semaine dernière (1.44 euros/kg).
- Certains Etats Membres se sont efforcés de trouver de nouvelles destinations pour dégager le marché, avec apparemment des flux vers l’Asie. L’ouverture confirmée du marché chinois pour 13 abattoirs français obtenu le 26 mars pourra y contribuer. L’export vers d’autres destinations est une piste de travail, mais la priorité reste évidemment à la fin de l’embargo et la réouverture du marché russe.
Communiqué du Ministère de l'agriculture
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