Faut-il continuer à subventionner les énergies renouvelables, et avec quel dispositif de soutien ?
La vaste consultation lancée sur le sujet à l’automne par Philippe Martin, Ministre de l’Ecologie, s’est achevée le 28 février et a rencontré un vif succès : une centaine de contributions ont été reçues, représentant plusieurs milliers de pages. Cette consultation a fait suite au discours de François Hollande lors de la conférence environnementale, ainsi qu’à la volonté de Bruxelles de remettre à plat les aides aux énergies vertes. La consultation doit aussi permettre de déboucher un jour sur une remise en cause progressive des tarifs auxquels EDF est tenu de racheter l’électricité produite par les éoliennes ou les panneaux solaires. Un système jugé coûteux, car il fonctionne à guichet ouvert : tout producteur peut bénéficier de ces tarifs avantageux,sur quinze ou vingt ans.
Surtout, il est jugé peu vertueux : les énergies vertes sont prioritaires sur le réseau, indépendamment de l’offre et la demande. Ce qui a pu engendrer des situations de surproduction et de chute des prix de marché de l’électricité, voire des prix négatifs.
Alors que plusieurs acteurs ont rendu publique leur contribution à la consultation, deux grandes conceptions s’opposent:
Pour des organisations comme l’UFE (Union française de l’électricité) ou le SER (Syndicat des énergies renouvelables), qui représentent plutôt les grandes entreprises, les énergies renouvelables assez matures, comme l’éolien ou le solaire photovoltaïque, doivent pouvoir supporter un risque de marché. Il s’agirait de vendre l’électricité au prix de marché, et de recevoir par ailleurs une prime de la part des pouvoirs publics : il peut s’agir d’une prime fixe, fonction de la production ou de la capacité installée, ou d’une prime variable, versée à posteriori pour compenser la différence entre le prix de marché et un prix garanti (« contrat pour différence »).«Un tel dispositif inciterait les opérateurs à caler leur production en fonction de la demande », note Hélène Robert,conseillère production et développement durable à l’UFE.
Les organisations représentant les plus petits acteurs, comme Enerplan pour le solaire ou France énergie éolienne (FEE) pour l’éolien, restent en revanche farouchement attachées au système des tarifs. Notamment parce qu’elles estiment le marché français de l’électricité peu efficient, compte tenu de sa structure particulière liée au poids du nucléaire : l’électricité issue des centrales historiques d’EDF y est vendue à un prix régulé (Arenh). « Près de 70% de l’électricité en France est aujourd’hui échangée hors marché, le prix n’y reflète donc pas l’offre et la demande », note Sonia Lioret, déléguée générale de FEE. Selon elle, les maux que l’on attribue au secteur sont en outre très exagérés : compte tenu de sa taille en France, ce n’est pas lui qui perturbe les prix de marché, mais plutôt le voisin allemand. Par ailleurs, la baisse des tarifs ces dernières années a beaucoup réduit le coût des renouvelables pour la collectivité.« Introduire un risque de marché renchérirait le coût des financements de 30 % », avance Sonia Lioret. En outre, le mécanisme « contrat pour différence » ferait supporter aux PME un décalage de trésorerie insupportable.« Supprimer les tarifs reviendrait à achever un secteur déjà exsangue », tranche Thierry Mueth,président d’Enerplan. Les débats risquent d’être vifs...
source de l'article : les Echos
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