A l'occasion de l'inauguration du 34e Salon du livre de Paris, le 21 mars, la Ministre de la Culture et de la Communication a proposé aux collectivités territoriales "une réflexion pour ouvrir plus et mieux nos bibliothèques", afin "d'adapter la lecture publique aux usages du 21e siècle". Un collectif d'intellectuels - dont Eliette Abecassis, Pierre Assouline, Dany Laferrière, Erik Orsenna, Bernard Pivot... -, regroupés au sein de l'ONG "Bibliothèques sans frontières", a dejà lancé un site et une pétition "Ouvrons + les bibliothèques" pour peser dans le débat des municipales.
Rappelant le rôle essentiel, dans l'accès au livre, des 15.000 bibliothèques de collectivités réparties sur tout le territoire, Aurélie Filippetti évoque un certain nombre de "pistes à envisager" : ouverture dominicale ou en soirée, accessibilité 24 heures sur 24 des services de bibliothèques numériques... Soulignant la spécificité de chaque territoire, elle prend toutefois bien soin de préciser qu'"aucun modèle n'a, en soi, à s'imposer" et que la solution passera nécessairement par le "dialogue" avec les collectivités. Les évolutions nécessaires posent en effet des questions "d'ordre financier, technique, humain, dont les solutions doivent être trouvées en commun accord avec les professionnels et les responsables de chaque collectivité territoriale".
Sans entrer dans les détails - qui ne manqueront pas de susciter des questions de la part des collectivités -, la ministre de la Culture affirme que ces dernières "peuvent compter sur le soutien financier de l'Etat, mais aussi sur l'expertise et le conseil des services du ministère de la Culture et de la Communication, notamment de la Bibliothèque nationale de France, du CNL [Centre national du livre, ndlr] et des directions régionales des affaires culturelles".
Dans une plaquette d'information diffusée pour l'occasion, le ministère de la Culture rappelle que l'ouverture moyenne des bibliothèques atteint 37 heures dans les villes de plus de 100.000 habitants et 40 heures à partir de 200.000 habitants. L'amplitude est plus faible dans les petites collectivités. Outre un appel à ouvrir la réflexion sur le "sujet sensible" des horaires, la plaquette entend aussi lutter contre certaines idées reçues, comme celle consistant à dire qu'une plus grande amplitude horaire dégraderait la qualité de l'offre de service.
Le document édité par le ministère propose aussi quelques modèles de "bibliothèques du 21e siècle", comme la BnF, ouverte 7 jours sur 7, ou la BPI (Bibliothèque publique d'information du Centre Beaubourg), ouverte 6 jours sur 7 jusqu'à 22 heures, dont le dimanche.
Au-delà de ces modèles nationaux - assez peu pertinents eu égard aux moyens de ces institutions nationales -, le document du ministère cite aussi plusieurs exemples innovants de grandes collectivités. Les bibliothèques de plusieurs métropoles - souvent poussées par leurs "bureaux des temps" - ont ainsi une amplitude horaire de plus 50 heures, à l'image des agglomérations d'Amiens et de Caen et de la ville de Nancy. D'autres ouvrent tous les dimanches, à l'image des Champs Libres à Rennes ou du réseau des médiathèques de Toulouse. D'autres encore organisent des nocturnes hebdomadaires comme Poitiers, ouvrent en soirée jusqu'à 19 heures, adoptent des horaires spéciaux durant les périodes d'examen...
Par ailleurs, le ministère rappelle que "les bibliothèques numériques restent ouvertes pour les insomniaques !". Environ 300 bibliothèques territoriales offrent déjà des ressources numériques, pour la plupart accessibles à distance. Même si la dématérialisation "ne saurait constituer l'unique réponse", elle offre des atouts évidents.
Enfin, pour rassurer les collectivités, le ministère affirme que l'enjeu n'est pas forcément d'ouvrir davantage, mais aussi "d'ouvrir au bon moment".
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