Le ministre de la Défense français, Jean-Yves Le Drian, et son homologue américain Ashton Carter ont chacun estimé mercredi lors d’une conférence de presse à Paris, que le temps est venu d’intensifier les efforts dans la lutte contre le groupe Etat islamique (EI) en Irak et en Syrie.
Le recul sur le terrain de Daech (acronyme arabe de l’Etat islamique), mais surtout les coups, portés à ses ressources, notamment grâce aux frappes menées dernièrement sur des sites de stockage pétrolier, offrent une fenêtre pour « accroître nos efforts collectifs », a estimé Jean-Yves Le Drian. Ashton Carter a nommé clairement l’objectif : « Détruire l’EI en supprimant ses centres de pouvoir à Raqqa et Mossoul ».
Au vu de l’extrême violence des combats qui se déroulent depuis cinq jours entre les troupes de l’EI et celles des forces de Damas et de l’armée russe, pour la conquête de la ville de Deir Ez-Zor à 450 kilomètres de Damas, on comprend que la reconquête des deux « capitales » de l’Etat islamique en Syrie et en Irak, Raqqa et Mossoul, va réclamer bien davantage de moyens que ceux actuellement mis en oeuvre par la coalition.
Les sept ministres de la Défense réunis à Paris (France, USA, Allemagne, Grande-Bretagne, Italie, Australie, Pays-Bas) ont promis de « faire plus ». Ils ont aussi annoncé une nouvelle réunion en février à Bruxelles des ministres de la Défense « pour discuter de lamanière de vaincre l’EI », mais cette fois à 27 : 26 pays de la coalition et le ministre de la Défense d’Irak. Il s’agit de pousser les Etats à définir précisément ce qu’ils peuvent apporter dans la lutte, qu’il s’agisse de moyens de reconnaissance, de forces de renseignement, de logistique, de finance et surtout de troupes, au minimum pour appuyer les forces spéciales américaines déployées sur le terrain.
Ashton Carter souhaiterait une plus grande implication des pays du Golfe, qui malgré leur appartenance à la coalition internationale ont basculé l’essentiel de leurs efforts militaires dans la guerre civile au Yémen. Si en Irak, les Kurdes et l’armée régulière sont au sol, la coalition manque toujours de relais en Syrie. D’autant qu’elle n’a toujours pas réussi à s’entendre avec la Russie. Ashton Carter a ainsi déclaré hier que la Russie « faisait fausse route tactiquement et stratégiquement » et qu’il n’y avait pas de base pour une réelle coopération tant que Moscou frapperait les groupes d’opposition au lieu de concentrer ses efforts sur Daech. Néanmoins, le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, a présenté hier des gages de bonne volonté pour entamer un processus diplomatique, et notamment pour assurer la sécurité des livraisons d’aide humanitaire en Syrie.
source : les Echos
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