La discrimination à l’embauche, si elle tend à s’estomper, reste une réalité en France. 85 % des demandeurs d’emploi estiment que les discriminations à l’embauche sont fréquentes (8e Baromètre OIT de perception des discriminations dans l’emploi, Ifop 2015). Pour 88 % des sondés, l’âge au-delà de 55 ans est le facteur le plus discriminant, devant le fait d’être enceinte (85 %), d’être handicapé (77 %) ou obèse (75 %). L’origine est également un facteur discriminant : 66 % des demandeurs d’emploi pensent qu’un nom à consonance étrangère peut être un frein pour trouver un travail. Enfin, 62 % des sondés estiment que la couleur de peau peut être pénalisante. « A diplôme égal, il y a 2 fois plus de chômage chez les jeunes des quartiers populaires » (M. El Khomri, 18/04/16). 43% des victimes ont par la suite abandonné leur recherche d’emploi.
Résultat, aujourd’hui en France, à compétence égale, le nom et l’origine peuvent obliger à envoyer 4 fois plus de CV pour décrocher un entretien (étude Institut Montaigne, octobre 2015).
« Ces discriminations ne sont pas la conséquence de politiques de recrutement ouvertement racistes ou sexistes, mais de successions de petites décisions, de préjugés, parfois de petites lâchetés » (M. El Khomri, 18/04/16).
Aussi, de nombreuses actions sont conduites pour lutter contre les discriminations à l’embauche et dans l’entreprise, en intervenant sur tous les motifs de discrimination et en agissant sur tous les leviers :
Pour faire évoluer les mentalités sur les discriminations à l’embauche :
- Une campagne de sensibilisation aux discriminations à l'embauche liées à l'origine a été lancée ce lundi, engagement pris à l’issue du Comité interministériel à l’égalité en mai 2015. A partir de ce mardi et pendant 15 jours, près de 2 000 affiches seront déployées en France, avec pour slogan « les compétences d'abord ».
o Chaque affiche fusionne les visages d'un candidat blanc et d'un candidat de couleur.
o Au visage blanc est associée une réponse positive de recruteur – « bienvenue dans l'équipe », « vous commencez lundi » -, au visage de couleur une réponse négative – « désolé, on ne cherche personne », « vous n'avez pas le profil ».
- Une étude pour objectiver le coût des discriminations a été commandée à France Stratégie. Elle sera publiée en juin et mettra en lumière l’impact économique des discriminations, à l’échelle de la société.
Pour conduire les entreprises à objectiver leurs pratiques :
- Une campagne de « testing » à grande échelle a débuté auprès d’entreprises de plus de 1 000 salariés, testées sur des offres d’emploi relevant de métiers et de secteurs variés. La synthèse des résultats fera l’objet d’une publication d’ici septembre 2016 et chaque entreprise testée sera tenue de tirer le bilan de ses résultats, et de mettre en place le cas échéant des mesures correctives rapides et efficaces.
- « Pour les entreprises testées, nous engagerons de façon bilatérale un dialogue sur la base des résultats du testing. [Le gouvernement exigera] que des mesures soient prises, à très court terme, pour changer les éventuelles dérives constatées, [pour] que chacun puisse avoir l’opportunité de prouver sa bonne volonté » ;
- Mais il faut aussi être très clair : le gouvernement sera « intraitable et n’hésitera pas à diffuser les noms publiquement, en cas d’immobilisme ou de mesures purement cosmétiques » (M. El Khomri, 18/04/16).
Pour développer des outils à destination des entreprises qui s’engagent :
- L’État reconnaît et valorise l’engagement des employeurs qui mettent en place des mesures contraignantes pour prévenir les discriminations, notamment à travers la remise du label diversité.
- L’État promeut des méthodes de recrutement alternatives, qui permettent de sélectionner sur les compétences requises pour un poste, et non sur la base d’informations partielles dans le CV : la Méthode de Recrutement par Simulation, les CV Vidéo, le recrutement sans CV, …
- Pour rappel, le CV anonyme ne deviendra pas obligatoire, car « techniquement, [il requiert] des modalités compliquées, [car] il faut un intermédiaire entre le recruteur et la personne qui envoie son CV » (M. El Khomri, 18/04/16).
Pour développer les recours pour les victimes de discrimination :
- La création de l’action de groupe contre les discriminations dans le cadre du projet de loi la Justice du XXIe siècle prévoit une déclinaison spécifique sur les discriminations dans l’entreprise, pour prendre en compte leurs spécificités. Voté par le Sénat, le projet de loi sera bientôt en discussion l’Assemblée nationale ;
- Un groupe de dialogue sur la lutte contre les discriminations à l’embauche et dans l’emploi, réuni depuis octobre 2014, permet d’associer au travail engagé les principales parties prenantes (partenaires sociaux, associations, acteurs économiques, universitaires).
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