Les responsables parlementaires de l'opposition reçus vendredi à Matignon ont affiché leur scepticisme sur le caractère "historique" du nouveau plan d'aide européen à la Grèce et exhorté "les dirigeants européens à faire preuve de beaucoup de modestie".
"On sentait l'impatience de tresser des couronnes de louanges à Nicolas Sarkozy", a déclaré le chef de file des députés socialistes, Jean-Marc Ayrault, à la sortie de cette réunion présidée par François Fillon.
Selon le député Europe Ecologie-Les Verts (EELV) Yves Cochet, "le Premier ministre a fait une déclaration à la gloire du volontarisme du président de la République" et évoqué un accord "historique".
"Je ne suis pas sûr que ceci dure très longtemps", a enchaîné M. Cochet, déclarant ne pas être convaincu, "à moyen terme, que la zone euro survive à une réélection d'Angela Merkel et Nicolas Sarkozy".
"Peut-on parler d'accord historique ? Je ne crois pas. Je crois que les dirigeants doivent faire preuve de beaucoup de modestie", a également commenté Jean Marc Ayrault.
D'après le député-maire de Nantes, les décisions prises jeudi à Bruxelles n'offrent "qu'un répit".
"Il faut aider les pays à relancer leur croissance économique, et là nous attendons des décisions", a-t-il poursuivi, réclamant notamment une "remise en place de la taxation des transactions financières" et une relance "du projet politique européen, qui est en panne".
Avant la réunion à Matignon, M. Ayrault avait déploré que les dirigeants européens n'agissent qu'"au bord du précipice".
"Il fallait agir dans l'urgence, ça a été fait, mais c'est insuffisant. Il faut aller beaucoup plus loin, beaucoup plus fort", avait-il jugé.
La zone euro a mis jeudi sur la table un nouveau plan d'aide de près de 160 milliards d'euros pour sauver la Grèce et empêcher une contagion de la crise de la dette, au risque toutefois de provoquer un défaut de paiement du pays et de briser un tabou.