Entretien avec Guy Chambefort et Marie José Chassin sur la question du ferroviaire...
Des travaux sur la voie SNCF Moulins / Paray-le-Monial ont eu lieu très récemment. En même temps, un TGV vient de pulvériser le record mondial de vitesse sur rail. Comment jugez-vous ces deux informations?
Guy Chambefort: "Je ne peux qu'apprécier la belle réussite de l'industrie française et de tous les hommes et les femmes qui ont participé à cet évènement. Cela démontre que nous avons toujours de grandes capacités pour développer des projets industriels audacieux qui sont tout à fait aptes à conquérir des marchés dans le monde entier.
Mais, je crains qu'une fois de plus, cet exploit industriel ne fasse oublier la réalité des transports ferroviaires en France. Le TGV ne représente qu'une facette des besoins dans notre pays et ne peut pas apporter une réponse sur tout le territoire. Et notre secteur est un exemple de ces problèmes".
La région moulinoise a pourtant la chance de posséder deux axes ferroviaires importants. En effet, Moulins se trouve sur la ligne Paris-Clermont-Béziers et de Moulins part la ligne qui va en direction de Dompierre vers Dijon et Lyon…
Guy Chambefort: "C'est effectivement une chance, mais qui n'est pas utilisée au mieux. Vous parliez des travaux effectués récemment sur la ligne qui va vers Dompierre et Paray-le-Monial. La SNCF a sans doute éprouvé le besoin de les réaliser puisqu'elle a rétabli une desserte Paris-Lyon, comme d'ailleurs cela existait autrefois, par Paray-le-Monial. Le problème est que cette ligne considérée comme secondaire n'a pas connu un entretien suffisant depuis longtemps, ce qui pose de très gros problèmes de sécurité pour la circulation des trains. Il faut savoir par exemple que la région a mis en service des motrices modernes et confortables pour assurer les déplacements régionaux ou interrégionaux. La ligne Moulins-Paray sert justement pour ces circulations interrégionales, mais les motrices, capables de rouler à 160km/h en service normal, ne peuvent pas dépasser 80 voire 60 km/h sur certaines portions par suite du mauvais état de la ligne, ce qui entraîne des retards, un mécontentement des voyageurs et un rejet du transport par rail. Si je salue la volonté de "R.F.F" (Réseau Ferré de France) qui est chargé de la gestion des voies, je regrette malgré tout que ces travaux d'amélioration de la voie n'aient pour l'instant porté que sur 6 km!"
Vous avez l'air convaincu de l'importance du ferroviaire dans les infrastructures de transport.
Guy Chambefort: "Bien sûr. J'ai beaucoup regretté qu'en 2002, les gouvernements de droite dont a fait partie Nicolas Sarkozy aient totalement abandonné les schémas de remise à niveau et de développement des transports par rail que le gouvernement Jospin avait initiés".
Marie José Chassin: "Pour parler de l'arrondissement de Moulins par exemple, l'abandon du développement du fret ferroviaire a entraîné la fermeture de la plateforme de fret de Dompierre-sur- Besbre qui était une des plus importantes d'Auvergne. Cette gare permettait le transport des argiles extraites des carrières de Beaulon. Cette fermeture a été accompagnée de suppressions d'emplois sur le site et du remplacement des trains par des camions.
On peut aussi regretter qu'il soit difficile pour ces raisons de sécurité d'envisager une augmentation des circulations de voyageurs qui favoriseraient les déplacements des habitants, en particulier des lycéens ou des employés vers l'agglomération moulinoise et des étudiants entre la Bourgogne et l'Auvergne".
On entend souvent des critiques sur les liaisons SNCF vers Paris. Qu'en pensez-vous?
Guy Chambefort: "Je partage ces reproches que je trouve légitimes. Nous parlions du T.G.V tout à l'heure. Quand on connaît les formidables retombées entraînées par la présence d'une ligne T.G.V, on est en droit, là où il n'est pas envisagé dans un avenir proche de créer une telle infrastructure, d'exiger des améliorations techniques et de services à partir de ce qui existe. Et nous connaissons cela à Moulins où les liaisons avec Paris sont très insatisfaisantes quant aux fréquences et aux horaires, ce qui pénalise réellement ceux qui ont besoin de se déplacer vers la capitale, notamment pour le travail. Et comment attirer des entreprises chez nous avec de telles insuffisances?"
Pourtant, des travaux sont effectués sur cette ligne?
Guy Chambefort: "C'est vrai, mais ce qui n'est pas dit publiquement, c'est que la S.N.C.F, donc l'Etat, ne met pas tout en œuvre pour faire avancer ces travaux. C'est ainsi que l'amélioration de certains passages à niveau dans la traversée de l'Allier ne se fait aujourd'hui que grâce au Conseil général de l'Allier qui cofinance les travaux et qui a accepté de lancer le chantier avant que l'Etat n'apporte sa contribution propre. A cause de ces inadaptations, il n'est pas possible d'augmenter la vitesse des trains sur de nombreux secteurs, et donc de diminuer les temps du trajet Clermont-Paris".
à suivre :
Commentaires