Education physique, plein air, activités dirigées, enseignement ménager, ateliers-écoles, visites d'usines, visites de musées, visites d'exploitations agricoles, de lieux historiques, étude des curiosités naturelles ou des particularités géographiques, herborisation …Voilà quelques unes des innovations que Jean Zay avait prévu dans les programmes des écoles de 1936 à 1939 !
A votre avis quelles furent les réactions ?...Issues du même tonneau que celles d'aujourd'hui !!!... Lisons, à la date du 19 octobre 1941, le journal de prison « Souvenirs et Solitude » de Jean Zay.
Un extrait de texte dédié aux échotiers et aux ministres actuels ou anciens, en mal de copie sur le disfonctionnement de l'école...Et aussi aux hommes politiques conservateurs, pourfendeurs de Voltaire,de Rousseau, de Léon Blum, des congés payés, des 35 heures, de mai 68, de l'IVG, de Mitterrand et du reste encore …qu'ils rendent responsables de tous nos maux à l'école et ailleurs !
« …Ces nouveautés n'allèrent pas, bien entendu, sans soulever de vives résistances. L'opposition de l'opinion rurale fut la plus difficile à vaincre : « eh quoi ! disaient beaucoup de paysans. Le maître d'école veut emmener nos enfants se promener dans la campagne, alors qu'ils vivent aux champs toute l'année ! Il leur fait faire de la gymnastique, alors qu'ils sont sans cesse au bon air et accomplissent souvent des trajets de plusieurs kilomètres par jour pour se rendre à l'école ! » Je dus faire observer que les campagnards ne sont pas nécessairement les mieux portants, ainsi que le prouvent les statistiques sanitaires…Comme il fallait s'y attendre, l'opposition rurale trouva plus spécialement son écho au Luxembourg ; plusieurs sénateurs se récriaient : « On ne fait plus rien dans nos écoles ! Les enfants vont se promener ! » Seule l'étude du calcul et de l'orthographe, la tête penchée sur le pupitre leur paraissait un vrai travail. En France, tout n'est souvent qu'une question de mots et notre malheur fut peut-être d'avoir employé d'abord sans méfiance le terme de « loisirs dirigés ». Loisirs ! Cela vous avait un petit parfum de paresse, de nonchalance, de goût du moindre effort. En 1936, la situation sociale, grèves et revendications ouvrières, réduction de la journée de travail, rejaillissaient singulièrement sur l'opinion qu'on se faisait des réformes scolaires. Il était entendu qu'on ne voulait plus travailler en France. Le « ministère des Loisirs » ne pouvait avoir pour but que d'organiser la fainéantise ouvrière. Et voilà qu'il était maintenant question d'introduire des « loisirs » à l'école ! Nous précisâmes notre pensée en disant désormais « Activités dirigées ». Du coup, on comprit mieux. Réformateurs, méfiez-vous de vos étiquettes !... »
Nb : extrait du livre proposé par Guy Chambefort dans le cadre de l'opération « le catalogue déraisonné »
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