Editorial de Laurent Joffrin dans "Libération.fr"
"S’agiter, bouger, agir, parler, réagir, se démener sans cesse : ce président a été imaginé par Paul Morand. C’est l’homme pressé de l’Elysée, héros philosophique qui repousse l’échéance ultime en emplissant d’une frénétique bougeotte chaque minute de sa vie.
Nicolas Sarkozy ou l’anti-Mitterrand : cet homme ne laisse jamais le temps au temps. Au contraire, il s’épuise à toujours le prendre de vitesse, galopeur invétéré, éternel coureur contre la montre ; comme si s’arrêter, c’était mourir. C’est le furet de la Cinquième, le TGV de la politique, le Speedy Gonzales de l’Europe, qui laisse tous les autres en arrière, condamnés à s’accrocher à ses basques pour le suivre, ballottés par l’incessant virage. Comme on dit sur les bateaux de course : commencez à fond et accélérez progressivement. Qui sondera l’inquiétude métaphysique qui se cache derrière cet activisme ? Solitude du sprinter de fond.
Ainsi, le film «Sarkozy 2008» se regarde comme ceux de la Belle Epoque, en accéléré, avec son héros sautillant et infatigable au premier plan. Carla intronisée à peine Cécilia partie, le «bling-bling» adoré puis brûlé, les réformes de la télé, de l’ANPE, de la Constitution, des lois sur l’environnement, de l’université, de la carte judiciaire, de la justice des mineurs ; la navette diplomatique en Géorgie, la présidence de l’Europe menée à la hussarde, la crise financière prise à bras-le-corps en jetant par-dessus les moulins tous les dogmes jusque-là révérés… Après Chirac, girafe endormie, nous avons Sarkozy, antilope zigzagante. Ce président mène une action hautement contestable. Au moins a-t-il le mérite de croire qu’elle a des effets, que la décision d’Etat existe, que les élus, en démocratie, ne sont pas seulement des symboles ou des cautions, que le gouvernement peut gouverner. Bref, Sarkozy a le grand mérite de croire en la politique...."
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