Les restaurateurs français ont-ils tenu leurs promesses ?
Un an après sa coûteuse mise en œuvre, la baisse de la TVA à 5,5% dans la restauration, plus efficace sur l'emploi que sur l'addition, suscite la controverse jusqu'au sein du gouvernement en ces temps de disette budgétaire.
Mesure promise par Jacques Chirac puis Nicolas Sarkozy, obtenue après sept années de négociations auprès de la Commission européenne, elle n'a cessé de faire polémique depuis sa mise en place, le 1er juillet 2009.
Défendue bec et ongles par les professionnels et le secrétaire d'Etat au Commerce, Hervé Novelli, qui mettent en avant un "bon bilan" en terme d'emploi, elle est jugée trop chère pour ses détracteurs - 2,4 milliards d'euros par an.
La dernière critique d'importance est venue du ministre du Budget lui-même.
"C'est une très très grosse niche fiscale (...) Si on me laissait faire, je la mettrais sous le coup de rabot", a dit François Baroin dimanche.
Il modère toutefois ses propos mercredi dans Le Parisien-Aujourd'hui en France, renvoyant à la prochaine campagne présidentielle le débat sur son éventuelle remise en cause. La baisse est jugée "légitime sur le fond" par la ministre de l'Economie, Christine Lagarde.
Didier Chenet, président du Syndicat national des hôteliers, restaurateurs, cafetiers et traiteurs (Synhorcat) "n'imagine pas un seul instant qu'on puisse changer les règles en cours de match".
Moins d'un restaurateur sur deux a, en effet, joué le jeu d'une baisse des tarifs d'au moins 11,8% sur une partie de la carte, qui devait se traduire au total par une baisse de 3%.
Au final, selon l'Insee, la baisse toutes prestations confondues a été de 1,41% dans les restaurants et de 0,95% dans les cafés depuis un an.
Une tendance confirmée par une enquête de l'UFC-Que Choisir portant sur 1.544 lieux de restauration dans 62 départements.
"En règle générale, la moitié des établissements n'ont pas modifié leurs prix, un tiers a appliqué une baisse et les autres ont augmenté leurs prix", notent les auteurs du rapport.
Xavier Denamur, un restaurateur parisien très mobilisé contre la baisse de la TVA, dénonce dans un communiqué un "hold-up annuel à trois milliards d'euros".
"Allez-vous au restaurant pour un écart de prix de 1% ? Pensez-vous que le débat sur les retraites a un sens quand on retire trois milliards d'euros par an aux ressources de l'Etat?", s'interroge ce professionnel, qui déplore que rien n'ait été prévu pour améliorer la qualité des produits servis.
Selon un sondage publié début juin dans La Tribune, 61% des Français sont favorables au retour au taux de TVA de 19,6% dans un contexte d'économies budgétaires.
Source : Elizabeth Pineau PARIS (Reuters)
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