Le chef de l'Etat a tranché, mardi 19 avril, en faveur de l'entreprise de son ami Henri Proglio dans la guerre que se livrent EDF et ses concurrents, GDF-Suez, Poweo et Direct Energie.
Pour permettre l'ouverture du marché de l'électricité à la concurrence, comme l'a demandé Bruxelles, EDF devra vendre un quart de son électricité d'origine nucléaire à ses concurrents. Mais l'Etat a fixé un prix de vente très haut, ce qui risque de tuer toute concurrence.
GDF-Suez, Poweo et Direct Energie demandaient un prix de revente de 35 euros le megawattheure, seuil à partir duquel ils sont difficilement rentables.
De son côté, EDF basait son argumentaire sur ses défis financiers : l'entreprise est très endettée en raison de sa politique salariale et de ses choix dispendieux à l'international, et elle doit faire face au vieillissement de son parc de 58 centrales, dont le prolongement de la durée de vie représente 200 milliards d'investissement d’ici vingt ans. ("L'énergie bon marché, c'est fini", à lire dans le Nouvel Observateur cette semaine).
Paul Champsaur, ancien président de l'Arcep* chargé par le gouvernement de réfléchir au prix idéal, avait estimé qu'un prix de 39 euros permettait à EDF de financer ses coûts.
Mais Nicolas Sarkozy a tranché en faveur d'Henri Proglio, en fixant le prix à 42 euros, exactement ce que demandait EDF.
Pour justifier ce choix, Eric Besson, ministre de l'Industrie, a usé d'un argument d'actualité : le gouvernement doit "tenir compte pour l'avenir, par précaution, des travaux qu'EDF pourrait être amené à engager après la catastrophe de Fukushima" de mise à niveau de ses centrales.
A ce prix là, les choses sont claires : "la concurrence ne va pas pouvoir se développer", explique Jean-Marie Chevalier, professeur à Paris-Dauphine.
La loi Nome*, censée ouvrir le marché de l'électricité à la concurrence, n'aura pas l'effet espéré par la Commission européenne (qui veille à son application), et la France risque des pénalités.
Mais la mise en application de la loi est différée au 1er janvier 2012. D'ici là, une période de transition de six mois (à 40 euros le mégawatheure à partir du 1er juillet) permettra à la majorité de gagner du temps et de ménager les électeurs en plein débat sur le pouvoir d'achat.
Source : Nouvelobs.com
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