Après 5 ans de blocage, la loi sanctionnant le négationnisme du génocide des Arméniens - déclinaison de la loi Gayssot qui réprime la contestation de la Shoah va être discutée au Sénat le 4 mai. Ce texte voté par l’Assemblée nationale le 12 octobre 2006 répond à une forte demande des fils et filles des victimes en butte jusqu’en France à un virulent négationnisme d’Etat de la Turquie. Mais cette initiative du groupe socialiste a aussi soulevé des incompréhensions. Les questions ont été notamment posées de savoir s’il appartenait au Parlement d’écrire l’histoire ; si l’on n’entrait pas ainsi une logique liberticide ; si la France ne ferait pas mieux de balayer devant sa porte avant que de faire la leçon aux Turcs. Ces arguments ont eu un temps durant un impact sur l’opinion. Mais un examen un peu plus approfondi en a révélé non seulement l’absence de hauteur de vue, mais aussi la faiblesse intrinsèque.
Personne ne demande aux députés d’écrire l’histoire. Celle-ci, comme le rappelait Bernard-Henri Lévy qui a pris position en faveur de ce texte, a été dite et redite. Mais le génocide a été authentifié par toutes les instances spécialisées qui ont eu à l’étudier, et ce, en dépit des pressions permanentes des autorités turques.
Charles Aznavour, se soit déplacé aux côtés de Serge et Arno Klarsfeld ou de Patrick Devedjian le 12 mars dernier devant le Sénat pour demander la ratification de cette loi en dit long sur les blessures et les dommages que provoque ce négationnisme chez les descendants des victimes.
Aucun chercheur n’a été empêché de travailler du fait de la loi Gayssot qui a au contraire libéré l’histoire de ses faussaires.
Beaucoup rappelaient qu’à l’heure où la Turquie frappe à la porte de l’Europe, sa mise en conformité avec les normes relatives aux différents aspects de la lutte contre le phénomène génocidaire s’impose plus que jamais. Pour elle, pour son avenir démocratique.
La France est depuis des lustres impliquée dans la cause arménienne. Elle avait en temps et en heure prévenu les autorités turques qu’elles devraient répondre de leurs crimes. Mais malgré ses menaces envers les bourreaux et ses promesses à l’égard des victimes, elle n’a pu empêcher le génocide de se commettre. C’était la Première Guerre mondiale. Elle ne pouvait rien faire. Alors, aujourd’hui en temps de paix, les conséquences de ce drame perdure, ne conviendrait-il pas qu’elle se donne au moins les moyens d’en entraver la négation ? Question de justice. Et peut-être aussi, un peu, de dignité.
Source : Multiple
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