L'entrée en vigueur au 1er juillet prochain de la réforme des retraites pousse les fonctionnaires mères de trois enfants à faire jouer leur droit à un départ anticipé. En vertu de la réforme votée l'an passé, ce droit ouvert après quinze ans de service va être supprimé après le 1er juillet, sauf pour les agents comptant déjà quinze ans de service et étant à cinq ans maximum de l'âge de la retraite. Pour les autres, le choix était donc clair : faire jouer ce droit maintenant ou y renoncer.
Dans ces conditions, l'afflux était attendu. Mais il s'avère plus important encore qu'imaginé. « On a reçu énormément d'appels. C'est "le" sujet du premier semestre », témoigne Gérard Perfettini, directeur de la CNRACL (Caisse de retraite des agents des hôpitaux et des collectivités territoriales).
Hier, il a indiqué que « 18.900 départs sont intervenus durant le premier semestre », soit deux fois plus que les années précédentes et 4.000 départs de plus qu'imaginé par la CNRACL. Les demandes sont très nombreuses dans les hôpitaux (55 % des départs alors qu'on y compte 40 % des assurés à la CNRACL). « Vu les conditions de travail et le climat social à l'hôpital, les infirmières qui peuvent retrouver un poste en clinique ou se faire réembaucher à l'hôpital en contractuelle n'ont pas hésité », analyse un proche du dossier.
Même phénomène chez les fonctionnaires d'Etat, où le nombre de départs en retraite de mères de trois enfants ou plus, avant le 1 er juillet, devrait être environ deux fois supérieur à la normale avec de 10.000 à 11.000 départs anticipés. L'essentiel des demandes émane de l'Education nationale, ce qui va conduire, selon Bercy, à des départs en retraite d'enseignants globalement plus importants que prévu, et donc à davantage de suppressions de postes qu'attendu en 2011 (les places de concours ayant été définies avant).
Pour le reste, l'entrée en vigueur imminente de la réforme n'a pas bouleversé le quotidien des organismes de gestion. « Nous ne constatons pas de hausse des demandes téléphoniques de renseignement », indique Pierre Mayeur, directeur de la CNAV. Les appels émanent surtout d'assurés nés entre 1951 et 1956 en quête de précisions sur le rythme du report des bornes d'âge. Mais très peu de questions, constate-t-il, sur l'élargissement du dispositif carrières longues (personnes ayant commencé à travailler avant 18 ans) ou la retraite anticipée pour pénibilité.
Les caisses de retraite se concentrent sur le renforcement du droit à l'information des assurés. Dès 2012, tout jeune entrant dans la vie active recevra un document d'information générale. De même, les assurés ayant relevé durant leur carrière de plusieurs régimes « pourront accéder à leur relevé de carrière interrégime par Internet», explique le directeur du GIP Info Retraite, Jean-Marie Palach. Toujours à compter de 2012, tout assuré de 45 ans ou plus pourra demander un entretien personnalisé avec un conseiller de sa caisse.
Source : Les Échos
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