Jean-Pierre Pernaut devait présenter, lundi 27 juin, dans le journal de 13 heures de TF1, les "excuses" de la chaîne. Jeudi 23 juin, TF1 avait diffusé un reportage. Il était consacré au contrat de responsabilité parentale (CRP), mis en place dans le cadre de la loi contre l'absentéisme scolaire par le président (UMP) du conseil général des Alpes-Maritimes, Eric Ciotti. Dans le contexte d’une table ronde tenue sur l’absentéisme scolaire, Nicolas Sarkozy vantait les mérites de la loi initiée par son ami, qui prévoyait notamment la suppression des allocations familiales pour les parents d’élèves absentéistes. La chaîne illustrait le sujet en tournant une séquence dans les Alpes Maritimes dans laquelle elle interrogeait une jeune femme. Celle-ci, "désemparée", exprimait "sa détresse" car elle avait "un enfant qui ne va plus à l’école… qui… commence à sécher". Cette dernière était soulagée d’avoir le soutien du Conseil général.
Peu après, Jacques Victor, président du groupe communiste au conseil général, révélait, sur France Info : "Cette femme n'a pas d'enfant : c'est l'attachée de presse d'Eric Ciotti.
Contactée par Le Monde, la jeune femme s'est refusée à tout commentaire. Après avoir visionné le reportage, Éric Ciotti a convoqué l'attachée de presse qui lui a remis sa démission, ce qu'il a accepté. "Je n'étais pas au courant. C'est une faute professionnelle", a t-il indiqué, précisant qu'elle avait témoigné "à la demande des journalistes". Le sujet n'a pas été réalisé par TF1 mais par deux journalistes d'une filiale de Nice Matin, NMTV, travaillant pour la première chaîne. Ils ont été mis à pied trois jours.
"Ce n'est pas à TF1 de sanctionner les fautifs, a réagi Catherine Nayl, la directrice de l'information de la Une. Je suis en colère par rapport à la façon dont les journalistes de Nice Matin, qui travaillent dans le cadre de nos accords avec la presse quotidienne régionale (PQR), ont réalisé leur reportage." Mme Nayl a assuré au Parisien qu'il s'agissait d'"un acte individuel". "Ni le conseil général des Alpes-Maritimes ni TF 1 n'en sont responsables", a-t-elle affirmé.
Cette affaire ne concerne "absolument pas " la rédaction du quotidien régional, a estimé pour sa part Frédéric Touraille, directeur général délégué de Nice Matin et gérant de la filiale NMTV. "C'est une filiale qui réalise les reportages dans le cadre de contrats de correspondance avec TF1, pas la rédaction. Je ne veux pas que cette affaire lui porte préjudice." Ce dossier confirme les "liens étroits entre la rédaction de Nice Matin et le conseil général", avance un ancien gestionnaire du journal. Le quotidien, géré par le Groupe Hersant Média (GHM), survit en partie grâce aux publicités institutionnelles du conseil général, de la communauté urbaine Nice Côte-d'Azur !!!
Christian Estrosi (député-maire de Nice) et Éric Ciotti (député, président du Conseil général, en charge des questions de sécurité à l'UMP), sont au fait sur les questions sécuritaires.
L'affaire n'est pourtant pas sans rappeler plusieurs autres qui ont fait des unes dans les média.
Celle du ministre de l'éducation nationale Luc Chatel en 2009, venant visiter un supermarché pour faire le bilan de son dispositif visant à limiter le coût des fournitures scolaires. Des mères de familles, présentes dans les rayons, avaient alors vanté le dispositif auprès des journalistes. Il ne s’agissait cependant pas de simples clientes, mais de militantes UMP réquisitionnées pour l'occasion. Le ministre qui n'était pas au courant a regretté l’incident !!!
Celle d’Édouard Balladur faisant de l’auto stop en 1995 avant les élections présidentielle. Alors qu’un épais brouillard avait obligé l’hélicoptère du candidat à la présidentielle à se poser, le chef du gouvernement de l’époque n’hésitait pas une seule minute et faisait de l’autostop afin d'aller à la rencontre des "vrais Français". Une charmante conductrice s’était arrêtée. Elle n’hésita pas par la suite à vanter la simplicité et la courtoisie de son compagnon de route. Le journal Libération révélait pourtant quelques jours après que l'aimable conductrice n'était autre qu'une cousine du député RPR de l'Essonne Georges Tron, proche collaborateur d'Edouard Balladur dont il fut l'attaché parlementaire. Quelle coïncidence ! C’est deux derniers ont affirmé qu’ils n’étaient pas au courant.
Celles se déroulant pendant la campagne électorale présidentielle de Jacques Chirac de 2002. Ce dernier prend pour thème "l'insécurité". Quelque temps avant le premier tour des élections Présidentielles plusieurs faits divers furent montés en épingle et repris en boucle par les média.
L'affaire du "meurtre gratuit" d'un père de famille à Evreux (ville dont le maire était depuis peu Jean-Louis Debré) victime de jeunes, en défendant son fils racketté la veille, survenu trois jours avant le premier tour des élections.
Cette version sera fortement nuancée par l’enquête. Guy-Patrice Bègue et son beau-frère étaient venus à la gare pour en découdre armé d’un cutter. (…). Les policiers, critiqués un moment pour leur manque de diligence dans l’intervention ont dénoncé « la récupération politique » mais cela a été moins ébruité dans certaines presses.
Le procureur d’Evreux, Jean Berkani, souligna également la responsabilité des journalistes dans l’ampleur prise par le fait divers. « Vous ne nous laissez pas le temps de la réflexion, du recoupement serein. Les seules pressions que je connaisse, c’est celles de la presse, qui veut nous arracher la vérité du ventre dès le premier jour de l’enquête. »
Celle de l'affaire Paul Voise, le "papi d'Orléans" vieux monsieur sans défense et sans bien sauvagement agressé probablement des "jeunes de la cité" relève de la même problématique. La presse avait été prévenue par un élu de cette ville.
La place donnée à ces faits divers par les chaînes de télévision, et notamment par TF1, a fait l'objet de vives critiques. La chaîne a été accusée de donner une place démesurée à la thématique de l'insécurité dans ses journaux télévisés.
De la morale, il faut notamment retenir une chose : Gardons l’esprit critique !
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