C'est une rentrée « inédite du point de vue des chiffres », a dénoncé hier le SNES-FSU. Plus que les années précédentes, « les suppressions de postes coïncident avec une remontée démographique sans précédent », a souligné le premier syndicat des collèges et lycées. Selon ses calculs, il devrait y avoir 79.500 élèves de plus dans le secondaire - le ministère, dans ses dernières prévisions, en prévoyait un peu plus de 40.000 -, alors que 4.800 postes d'enseignant du second degré seront supprimés (sur les 16.000 postes touchés dans l'Education nationale cette année). « C'est une situation qui va poser de graves problèmes dans un certain nombre d'établissements », prévient Frédérique Rolet, co-secrétaire générale du syndicat.
C'est ce que le SNPDEN, premier syndicat des personnels de direction de l'Education nationale, a voulu vérifier, en réalisant une enquête sur un panel de 1.500 collèges et lycées rendue publique hier. Une étude qui souligne « le caractère central des heures supplémentaires », sans lequel le système ne pourrait fonctionner. Au budget 2011, leur enveloppe globale était en légère progression, à 1,2 milliard d'euros. Selon le SNPDEN, elles représentent en moyenne pour les lycées plus de 10 % de leur dotation -soit une hausse de 6 % -, c'est-à-dire l'équivalent de 9 postes, quand elles compensent en moyenne 4 postes au collège. L'enquête révèle aussi que dans certaines académies les dotations ne permettent pas d'appliquer à la lettre la réforme du lycée. Cela pour conserver des marges de manœuvre pour le collège. Autre tour de passe-passe de certaines académies, 20 % des établissements interrogés se plaignent aussi d'une « minoration systématique » de leurs effectifs « pour fermer des classes ou ne pas avoir à en ouvrir ».
Parmi les « leviers » utilisés par les chefs d'établissement pour pallier les suppressions de postes, l'étude relève que 10 % des établissements ont commencé à ne plus appliquer les horaires nationaux. Notamment dans des petits collèges ruraux. Ils jouent aussi sur les effectifs. « Les lycées et collèges tapent dans les dispositifs qualitatifs, comme l'accompagnement personnalisé au lycée, et notamment en lycée professionnel, les dédoublements de classe, la remédiation au collège, alors que Luc Chatel, à juste titre, insiste là-dessus » regrette Philippe Tournier, secrétaire général du SNPDEN. Conséquence des restrictions budgétaires, ce sont les établissements défavorisés qui voient leur dotation horaire par élève -plus élevée que la moyenne -baisser le plus rapidement, selon l'enquête. Ce qui, selon le SNPDEN, augure d'aussi mauvais résultats que l'an dernier pour les prochains tests Pisa. D'autant que le budget 2012 prévoit 14.000 suppressions de postes. « Le sondage du SNPDEN correspond à une situation de préparation de la rentrée. Il y a ensuite toujours des ajustements de moyens, souvent à la hausse », indique-t-on au cabinet du ministre de l'Education, Luc Chatel. Ce dernier rappelle d'ailleurs que le système compte en cette rentrée 500.000 élèves de moins et 35.000 enseignants de plus qu'en 1990. « C'est de la méthode Coué, globalement, la rentrée se passera sans gros incidents, la dégradation de la qualité ne se verra pas le jour de la rentrée, mais on paiera la facture plus tard et très cher », prévient Philippe Tournier.
Source : Les Échos
Commentaires