"La spirale de la dette sociale va se poursuivre" a déclaré mercredi le premier président de la Cour des comptes Didier Migaud, en dépit de l'annonce attendue jeudi par le gouvernement d'une réduction du déficit de la Sécurité sociale.
Auditionné par la commission des affaires sociales de l'Assemblée nationale, sur le rapport récent de la Cour sur la Sécurité sociale, M. Migaud a estimé que les recettes supplémentaires du plan anti-déficit du gouvernement, destinées à la Sécu --qu'il a chiffrées à 6,5 milliards d'euros -- "devraient permettre d'améliorer très significativement les prévisions des déficits sociaux dans le PLFSS pour 2012".
En juin, la Commission des comptes de la Sécurité sociale avait fait état d'un déficit prévisible de 19,5 milliards pour le régime général de la Sécu. Dans son rapport début septembre la Cour avait établi pour 2010 un "déficit historique" de près de 30 milliards, en prenant un périmètre plus large.
Jeudi, le gouvernement devrait annoncer un déficit inférieur pour 2011 et 2012 dans le cadre de son projet de loi de financement de la sécurité sociale.
Si une embellie des comptes est attendue, du fait notamment d'une hausse de la masse salariale au premier semestre 2011, "nous observons aussi que les perspectives de l'économie française sont moins favorables désormais", a poursuivi M. Migaud en évoquant le réajustement à la baisse de la prévision de croissance française pour 2011 et 2012 (1,75% selon le gouvernement mais moins selon diverses institutions).
"Surtout en l'état actuel, la spirale de la dette sociale va se poursuivre", a ajouté le premier président de la Cour.
"En effet, a-t-il expliqué, tant que les déficits sociaux dépasseront la capacité d'amortissement de la Cades (11 milliards en 2011) la dette sociale continuera d'augmenter".
"Pour le dire encore plus nettement, un déficit de la Sécurité sociale qui dépasserait 11 milliards d'euros en 2012 ne suffirait pas à inverser la tendance au gonflement continu de la dette sociale", a-t-il affirmé.
La Cades (Caisse d'amortissement de la dette sociale), créée en 1996, pour éponger la dette sociale qui s'accumule du fait des déficits annuels de la Sécu, fonctionne grâce à des recettes fiscales (la CRDS) et l'émission de titres sur les marchés financiers.
"Elle est aujourd'hui un émetteur quasi-souverain comparable à un Etat moyen de la zone euro" note la Cour, dans son rapport, en regrettant qu'elle soit devenue un "acteur pérenne" alors qu'elle avait été créée sur des bases provisoires.
Source : Afp
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