Le plan Campus de rénovation immobilière des universités, lancé en 2007, a versé aux établissements 56,9 millions d'euros, soit à peine plus de 1% des 5 milliards de son montant, selon un rapport parlementaire adopté mercredi à l'Assemblée nationale.
"Au 30 novembre 2011, les avances versées correspondant aux intérêts 2010 et 2011 s'élèvent à 56,9 millions d'euros. La modicité de cette somme est liée à la complexité des opérations immobilières en cause", est-il précisé.
Promesse de campagne de Nicolas Sarkozy en 2007, le plan Campus a pour but de rénover des universités aux locaux souvent vétustes et parfois dégradés mais aussi de créer des universités de taille mondiale.
Quant au grand emprunt lancé en 2010, d'un montant total de 34,64 milliards d'euros dont 18,9 milliards pour l'enseignement supérieur et la recherche, les décaissements de crédits, au 30 septembre 2011, "se limitent à 1,5 milliard d'euros de dotations consommables et 10,4 millions d'euros d'intérêts de dotations non consommables".
Ce rapport d'information de la Mission d'évaluation et de contrôle (Mec) présidé par Olivier Carré (UMP) et David Habib (SRC), consacré aux "financements extra-budgétaires de la recherche et de l'enseignement supérieur", a été adopté mercredi par la commission des Finances de l'Assemblée nationale, a indiqué à l'AFP l'un de ses rapporteurs, le député PS Alain Claeys. Les propositions vont être transmises au gouvernement qui a deux mois pour y répondre.
"La consommation extrêmement faible des crédits", selon M. Claeys, a plusieurs raisons explicitées dans le rapport: "l'absence de compétence des universités en matière immobilière" et "les lenteurs dues à l'insuffisante adaptation de la gouvernance du système universitaire".
Comme "aujourd'hui, les universités n'ont pas les outils nécessaires à leur autonomie", résume M. Claeys, "il faut que l'autonomie s'accompagne d'un renforcement des moyens humains d'expertise pour mener à bien ces projets".
En outre, des partenariats spécifiques dits "public-public", associant la Caisse des dépôts, les régions et les universités, ont dû être créés, car les partenariats "public-privé" se sont avérés inadaptés.
Interrogé par l'AFP, le ministère de l'Enseignement supérieur a souligné que le rapport "confirmait" que le Plan Campus était "bien parti, avec des premiers chantiers effectifs".
La libération des intérêts produits en 2011 "a permis de lancer 270 millions d'euros de travaux immédiats sur 58 chantiers" et les intérêts qui vont être produits en 2012, 170 millions, vont être répartis "sur des opérations pouvant être menées rapidement, dès début 2012".
"Les chantiers déjà lancés et même parfois déjà inaugurés sont dédiés à la vie de campus: rénovation de logements étudiants à Aix et à Montpellier, nouveau stade à Lyon et à Marseille, création de campus verts sans voiture à Strasbourg et à Toulouse, création d'une plaine des sports et d'une crèche inter-universitaire à Bordeaux...", selon le ministère.
Interrogé par l'AFP, Stéphane Tassel, secrétaire général du Snesup-FSU, principal syndicat des enseignants du supérieur, a estimé qu'"avec ces maigres intérêts, M. Wauquiez, qui se fait appeler le ministre de la concrétisation, n'a pas grand-chose à mettre à son actif".
"Derrière l'affichage de sommes mirifiques pour l'enseignement supérieur et la recherche, les conditions de travail des enseignants se dégradent et les universités voient leurs comptes passer dans le rouge les unes après les autres", a-t-il ajouté.
Source : Afp
Commentaires