La proposition de loi visant à réprimer la négation du génocide arménien sera bien examinée jeudi par les députés, malgré les pressions orchestrées par la Turquie.
Cette proposition de loi UMP punit d’une peine de prison et d’une amende la négation des génocides, dont celui des Arméniens qu’Ankara refuse de reconnaître.
Deux délégations turques, l’une regroupant des parlementaires, l’autre des entrepreneurs, ont entamé lundi une visite à Paris afin de tenter de prévenir l’adoption d’une loi sanctionnant la négation du génocide arménien et qui menace sérieusement les relations franco-turques.
Conduits par Volkan Bozkir, président de la commission des Affaires étrangères de la Grande assemblée nationale de Turquie, des députés turcs se sont rendus au Parlement français et ont aussi vu l’opposition socialiste.
"Ils m’ont fait valoir la position des parlementaires turcs, tous unis sur cette question" et "le ressenti qu’aurait le vote de la proposition de loi auprès de la population turque et les dégâts qu’elle pourrait provoquer dans la relation franco-turque", a déclaré à l’AFP Axel Poniatowski, président de la commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale française.
En dépit des menaces turques de conséquences "irréparables" pour les relations entre Paris et Ankara, qui accuse le gouvernement français d’arrière-pensées électoralistes, l’examen de la proposition de loi est toujours prévu jeudi à l’Assemblée nationale.
Mardi, la délégation rencontrera Jean-David Levitte, conseiller diplomatique du président Nicolas Sarkozy, et le chef de la diplomatie de ce dernier, Alain Juppé.
La délégation économique turque a rencontré de son côté la présidente du patronat français, Laurence Parisot, des responsables de chambres de commerce ainsi que le président d’Axa Henri de Castries pour les inciter à user de leur influence sur les responsables politiques français.
Pour les Arméniens et la France, l’Empire ottoman a orchestré un génocide qui a fait 1,5 million de morts. La Turquie reconnaît jusqu’à 500.000 morts, victimes selon elle des aléas de la Première Guerre mondiale et non d’un génocide.
La proposition de loi UMP n’est pas nouvelle. L’Assemblée Nationale avait déjà adopté le 12 octobre 2006 en première lecture un texte similaire dont la finalité était la même. Ce texte adopté par l’Assemblée Nationale en octobre 2006 l’avait été sous l’impulsion de François Hollande, alors 1er secrétaire du Parti socialiste qui avait pesé de tout son poids pour faire voter ce texte. Depuis le texte était bloqué par la majorité de droite au Sénat. Alors que le candidat Nicolas Sarkozy avait promis une inscription d’une loi punissant la négation du génocide, force est de constater que la situation n’évoluait pas.
Le candidat devenu président affirmait même qu’il ne favoriserait pas l’adoption d’une telle proposition de loi. Cette dernière promesse était tenu puisque le 4 mai, le groupe UMP bloquait le vote d’une proposition de loi PS (identique à celle de 2006) déposée par des sénateurs PS en la frappant d’irrecevabilité.
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