La commission des affaires culturelles de l'Assemblée nationale a adopté mercredi, en l'amendant, une proposition de loi sur la formation des enseignants, déposée par le député UMP Jacques Grosperrin, qui suscite un tollé dans le monde éducatif.
Ce texte, qui sera débattu par l'ensemble des députés mercredi prochain et soumis à leur vote le 14 février, stipule que "la formation des maîtres est assurée par les établissements d'enseignement supérieur, notamment par les universités". Actuellement, le code de l'éducation stipule qu'elle "est assurée par les IUFM" (Instituts universitaires de formation des maîtres).
Pour Jacques Grosperrin, il s'agit simplement "de tirer les conséquences de l'intégration des IUFM au sein des universités" et du recrutement des enseignants au niveau du master.
Mais pour une dizaine d'organisations du monde éducatif, dont la FSU (enseignants), l'Unef (étudiants) et la FCPE (parents d'élèves), dont les critiques ont été relayées en commission par les députés de gauche, le texte aboutit à "une démolition en règle" de la formation, "une liquidation des IUFM" et "un cadeau pour les prépas privées".
Le texte "rend possible la formation des futurs enseignants de l'Ecole de la République par des établissements privés au détriment des IUFM et des universités publiques", résume ainsi la FCPE.
Pour calmer ces critiques, le député UMP a fait introduire par la commission des références aux "établissements d'enseignement supérieur", et à "un cahier des charges" établissant les règles de formation des enseignants, alors que son texte initial parlait de "référentiel".
"L'ouverture au privé relève du fantasme, il n'y a aucune crainte à avoir", affirme M. Grosperrin, pour qui les termes "notamment les universités" renvoient au fait que des établissements non universitaires, par exemple l'Ecole normale supérieure (ENS) de Cachan, assurent aussi des formations d'enseignants.
Dans un communiqué, trois membres socialistes de la commission, Martine Faure, Monique Boulestin et Martine Martinel, ont estimé que "sous couvert d'une cohérence technique de réécriture du code de l'éducation, il s'agit en réalité d'entériner la disparition programmée des IUFM et de nier la nécessité de la formation initiale et continue des enseignants".
De leur côté, les députés du Front de gauche demandent "le retrait de cette proposition de loi", le retour à une vraie formation professionnalisante, suivie d'une entrée progressive dans le métier", et "un plan pluriannuel de recrutement".
Un député non inscrit, ex-UMP, René Couanau, a joint sa voix à la gauche pour voter contre le texte, selon une source parlementaire.
Source : Afp
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