Plus de 1,6 million de personnes boivent une eau qui ne respecte pas un minimum de critères réglementaires de qualité, selon l'UFC-Que Choisir. L'association pointe un défaut de contrôle des réseaux des petites villes et des communes rurales. Deux tiers des pollutions sont d'origine agricole.
Pour ce qui est de la qualité de l'eau en France, le verre est presque plein : 97,5 % des Français boivent une eau de bonne qualité. Mais il reste tout de même 1,6 million d'usagers pour qui s'abreuver au robinet peut poser problème au plan sanitaire. L'UFC-Que Choisir, qui a compilé commune par commune (www.quechoisir.org) 2 millions de données tirées des bulletins d'analyses du ministère de la Santé, en fait l'amère constatation.
Dans 2.747 communes, l'eau distribuée excède de 25 % les normes de potabilité en vigueur. Parmi celles-ci, pas moins de 1.242 accusent une contamination liée à l'activité agricole, signale l'étude de l'association de défense des consommateurs. Dans 60 % des cas, le seuil limite en pesticides n'est pas respecté. L'UFC-Que Choisir donne des noms : Sens (Yonne), Lisieux (Calvados) ou encore Firminy (Loire). Dans près d'une commune sur cinq, notamment à Berck (Pas-de-Calais) et Provins (Seine-et-Marne), c'est la teneur en nitrates qui dépasse les bornes.
Excès de nitrates
Les autres communes épinglées, pour l'essentiel, le sont pour « défaut de traitement » de leur eau. La qualité bactériologique n'est pas conforme (1.089 cas) à la norme, ou la collectivité (321 cas) force sur les sels d'aluminium, utilisés pour rendre l'eau limpide.
Entre les zones d'agriculture intensive et les territoires où l'eau est jugée non potable par l'UFC, « la correspondance est parfaite », faisait observer, mardi 20 mars, Olivier Andrault, un de ses experts. Les pollutions par les pesticides affectent surtout les réseaux du grand Bassin parisien, du Nord-Pas-de-Calais et d'Aquitaine.
Paradoxe breton
Les excès de nitrates sont les plus fréquents dans la moitié nord de l'Hexagone. A une étonnante exception près : la Bretagne, dont la production d'algues vertes défraie pourtant la chronique chaque été. « Ce paradoxe tient aux mesures mises en œuvre sous la pression des associations et des consommateurs bretons. L'eau distribuée est conforme aux normes sur les nitrates. Mais le problème de la qualité de la ressource reste entier », juge Alain Bazot. Le président de l'UFC dénonce une « non-pollution en trompe-l'oeil » obtenue en diluant des eaux chargées en nitrates avec des eaux qui en sont exemptes ou encore par abandon « pur et simple » des captages.
Ces solutions, « essentiellement palliatives », selon l'UFC, sont onéreuses. Essentiellement supportées par les consommateurs (à 90 %), elles entraînent un surcoût de 7 % à 12 % de la facture d'eau, soit entre 640 millions et 1 milliard d'euros. En outre, elles reviennent peu ou prou à céder le terrain aux pollutions, alors qu'il faudrait les prévenir.
Pour en guérir, les communes sont loin de pouvoir déployer les mêmes moyens. Autant la qualité est au rendez-vous dans les grandes villes, autant elle reste aléatoire dans les zones rurales. Les communes où l'UFC relève des dépassements comptent en moyenne 500 habitants.
Source : Les Échos
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