Sarkozy 2007
« La presse fait partie de l'équilibre des pouvoirs. Ce qui est mauvais pour elle, est mauvais pour la démocratie. » Nicolas Sarkozy, 02/10/08, Elysée.
Le bilan : Un système de mise sous tutelle des médias
Le retour de l'ORTF et du contrôle politique. La nomination des dirigeants de l'audiovisuel public par l'exécutif a été le symbole du retour du pouvoir dans la gestion des médias : suppression de la publicité sur les chaînes publiques au profit des groupes privés, nominations de complaisance, interventions présidentielles dans la confection des grilles de programme, pressions en tout genre sur les journalistes et leurs sources, immixtion de l'Elysée dans la reprise du Monde et du Parisien, gestion calamiteuse de l'audiovisuel extérieur…Histoire édifiante d'une Présidence qui veut tout contrôler.
Un système d'intérêts croisés digne de Berlusconi et Murdoch. La presse et l'audiovisuel sont devenus le monopole de groupes dirigés par des amis du Président : Dassault, Lagardère, Bolloré, Bouygues…La particularité de ces groupes est d'avoir parallèlement des activités industrielles dépendantes de commandes de l'Etat. Cette pression économique et politique a néanmoins buté sur l'esprit d'indépendance des rédactions qui ont gardé une distance critique vis-à-vis du pouvoir.
La volonté de formater l'opinion est apparue au grand jour lorsqu'a été dévoilée l'existence à l'Elysée d'un système élaboré de manipulation des sondages. Des enquêtes payées et commanditées par l'équipe présidentielle sur des sujets choisis par elles étaient régulièrement publiées par des médias amis comme s'il s'agissait de sondages réalisés en toute indépendance. Objectif, construire une adhésion artificielle des Français sur la politique du pouvoir. La majorité a utilisé tous les subterfuges pour que notre demande d'une commission d'enquête parlementaire soit enterrée, au mépris de la réforme constitutionnelle.
Les principales mesures
- Les états généraux de la presse écrite lancés fin 2008, n'ont servi à rien. Sa seule avancée a été la réforme du système de distribution, concrétisée dans une proposition de loi votée à la quasi unanimité (juillet 2011).
- La réforme surprise de l'audiovisuel public a fait reculer son indépendance. La suppression de la publicité et le manque de financements accroissent la dépendance de France Télévisions vis-à-vis de l'Etat. Les directeurs de France Télévisions et Radio France sont désormais nommés et révoqués directement par le Président de la République. Au prix de leur crédibilité. Toutes leurs décisions sont désormais soupçonnées d'allégeance politique.
- La loi sur la protection des sources des journalistes (décembre 2009) a été violée par ses propres auteurs (espionnage sur ordre de l'Elysée des journalistes du Monde et de Médiapart dans l'affaire Bettencourt). Elle comporte également des notions contestables comme « l'impératif prépondérant » qui permettent de justifier les exceptions au principe de protection des sources.
Les chiffres-clés
44è : le rang qu'occupe désormais la France dans le classement annuel de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières. Elle était en 11è en 2002.
Les aides publiques aux médias en France (4 Mds) sont inférieures à celles de l'Allemagne (7,8 Milliards) et de l'Angleterre (5 milliards).
Ce que nous avons obtenu
Des règles plus équitables pour l'expression du pluralisme politique dans l'audiovisuel. En avril 2009, un arrêt du Conseil d'Etat, saisi par nos soins, a obligé le CSA à comptabiliser les interventions du Président de la République dans le temps de parole de l'exécutif.
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