« Il faut que celui qui veut travailler plus longtemps puisse le faire. Je souhaite une société du libre choix. (...) Le droit à la retraite à 60 ans doit demeurer » Le Monde, 22/01/07
Le bilan : La fin de la retraite à 60 ans
Nicolas Sarkozy s'était engagé à ne pas toucher à la retraite à 60 ans.Il l'a supprimée. Il a fait du recul de l'âge légal la pierre angulaire de sa réforme. Partout en Europe, on a longuement négocié. En France le pouvoir a court-circuité le dialogue social et le débat parlementaire pour imposer sa réforme. Malgré une mobilisation sociale d'une ampleur et d'une longueur inédites, le gouvernement a fermé la porte à toutes les solutions alternatives pour répondre aux difficultés du système par répartition. Le Medef a imposé son point de vue.
La fin de la retraite à 60 ans et du taux plein à 65 ans est la plus injuste des solutions. La réforme du gouvernement est la plus dure en Europe en allongeant en même temps les âges légaux de la retraite et la durée de cotisations. Une double peine qui va frapper de plein fouet les carrières longues et les métiers pénibles, faire baisser les pensions d'une majorité de salariés et transformer des milliers de retraités en chômeurs pauvres. Ce qui ne règle rien. Le déficit du régime des retraites sera simplement transféré à l'assurance chômage ou à l'assurance maladie.
Cette réforme fait supporter 90% des efforts par les salariés. Revenus du capital, fortunes, entreprises en sont quasiment exonérés. L'injustice se cumule à l'inefficacité. Le financement n'est pas assuré ni avant, ni après 2018. Le gouvernement l'a lui-même admis en renvoyant le problème à « une réflexion nationale » dès 2013.
La suppression de l'allocation équivalent retraite par la loi de finances 2008 a mis fin à un dispositif qui permettait à des salariés chômeurs en fin de carrière de faire la soudure avec leur retraite avant 60 ans. Tous les dispositifs de préretraite ont été ainsi fermés depuis 2002.
La réforme des retraites (2010)
- Le report de l'âge légal du droit au départ à la retraite à 62 ansest le symbole de l'injustice sociale. Il frappe en priorité les ouvriers et les salariés qui commencent à travailler jeunes, qui ont les métiers les plus durs et qui touchent les plus petites retraites.
- Le recul du droit au départ à la retraite à taux plein à 67 ans(au lieu de 65) va pénaliser les femmes et les salariés précaires qui connaissent des carrières fractionnées. La réforme a prévu que les âges butoirs de 62 et 67 ans pourraient être encore reculés après 2018.
- La pénibilité du travail n'est pas reconnue. La nouvelle loi s'en tient à l'invalidité. Il faut prouver une incapacité physique pour continuer de bénéficier de la retraite à 60 ans. Cela exclut les salariés exposés à des conditions de travail usantes qui réduisent leur espérance de vie (ex : les victimes de produits cancérigènes).Le dispositif mis en place est un véritable parcours du combattant pour ceux qui veulent faire valoir leurs droits.
- L'effort est supporté à 90% par les salariés. Les revenus du capital et du patrimoine n'ont contribué au financement de cette réforme qu'à hauteur de 3 mds, moins que ce qui est demandé aux seuls fonctionnaires.
- Le Fonds de réserve des retraites, créé par le gouvernement Jospin pour faire face au pic démographique du « papyboom » à partir de 2020, a cessé d'être alimenté depuis 2002. Au lieu de préparer l'avenir, le gouvernement a décidé de piller les 33 milliards du fonds pour éponger les déficits actuels.
La loi de financement de la Sécurité sociale pour 2012 a acté une accélération du calendrier avec l'avancement à 2017 du passage à la retraite à 62 ans
- 65 % des salariés de plus de 50 ans n'ont plus accès à l'emploi.
- Près de la moitié des retraités vivent avec une pension inférieure au SMIC.
- 1 million de retraités vivent sous le seuil de pauvreté (960 euros)
- Les femmes perçoivent une pension inférieure de 42 % à celle des hommes en moyenne.
- L'espérance de vie d'un ouvrier est inférieure de 7 ans à celle d'un cadre.
Ils ont osé le dire
« Ce n'est pas un engagement que j'ai pris devant les Français, je n'ai donc pas de mandat pour faire cela". Nicolas Sarkozy, sur le recul de la retraite à 60 ans, RTL 27/05/08.
« Si on repousse l'âge de la retraite mais qu'on ne change pas les comportements en matière d'emploi des seniors afin de faire coïncider l'âge réel et l'âge légal de la retraite, alors c'est mathématique, on diminuera le montant des pensions. » Xavier Bertrand, ministre des Affaires sociales, Assemblée nationale, 31/10/08
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