Le Conseil Economique, social et environnemental a publié en juin 2012 son avis sur la dette. Le rapporteur, Michel Lamy, constate que même si la dette française n'est pas un problème nouveau, elle a atteint un niveau record en 2011.
Les dettes publiques ont progressé partout depuis les chocs pétroliers. Les changements de politiques économiques dans le milieu des années 80 ont induit une montée des taux d’intérêt réels ce qui a rendu la dette couteuse. Les entreprises ont été conduites, dans un contexte de concurrence, à contenir les salaires, le chômage a augmenté et ainsi le partage de la valeur ajoutée s’est opéré davantage au profit des détenteurs de capital. La croissance et l’emploi ont été pénalisés. Dès lors, les Etats ont poussé les banques à développer le crédit et ont multiplié les dépenses fiscales. En France, tous les gouvernements depuis 2000 ont consentis des baisses d’impôts. La crise économique de 2007-2008 a éclaté dans ce contexte.
La récession a encore alourdi la dette publique. La conjugaison du fléchissement des recettes qui sont très sensibles à la conjoncture économique avec l’accroissement des dépenses dont les aides à la conjoncture et les aides sociales, a fait bondir le déficit public.
Face à la dette, il convient de rappeler qu’il existe un patrimoine (richesses culturelles nationales, infrastructures, usage de services publics, système de protection sociale, …) dont l’usage, autant que le paiement de la dette, constitue la chaine de solidarité intergénérationnelle. Comme le souligne l’OCDE, la France, dont ces actifs représentaient 132% du PIB fin 2010, est l’un des pays développés dont la richesse nette est la plus élevée. Pour autant, ces actifs ne peuvent servir à l’extinction de la dette, beaucoup d’éléments de ce patrimoine ne sont ni évaluables ni aliénables.
Dans ces conditions, il faut réduire la dette publique à un niveau soutenable pour les finances publiques sans nuire à l’activité économique ni remettre en cause la protection sociale et les conditions de travail. La soutenabilité de la dette dépend de plusieurs facteurs : le solde budgétaire primaire, le niveau de la dette, le taux de croissance du PIB, le taux d’intérêt réel de la dette. Une palette de mesures s’articulant autour de l’augmentation des recettes, la diminution des dépenses et la réforme de structures doivent être prises pour diminuer la dette.
Source: La dette: un pont entre passé et avenir, avis du Conseil Economique, social et environnemental Juin 2012, Ed. Les Editions des Journaux Officiels.
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