Longtemps érigé en modèle de réussite démocratique sur le continent africain, l’Etat malien a demandé, par la voix de son président par intérim Dioncounda Traoré, l'aide militaire de la France pour repousser d’urgence une offensive vers le sud et la capitale Bamako des groupes armés contrôlant le nord du pays depuis avril 2012. Ils avaient alors profité du chaos institutionnel causé par le putsch du capitaine Sanogo à deux mois des élections présidentielles pour prendre possession des régions désertiques entourant les villes nordistes de Kidal, Gao et Tombouctou.
Cette scission de facto du Mali résulte de l’alliance circonstancielle de différentes entités :
- AQMI (Al Qaïda au Maghreb islamique), issu du GIA (Groupement islamique armé) puis du GSPC (Groupement salafiste pour la prédication et le combat) algériens, est rattaché à la nébuleuse terroriste d’Ayman Al-Zawahiri. Partisans d’un jihad international, ils contrôlaient la ville de Tombouctou, où ils ont notamment détruit les mausolées de saints musulmans.
- Le Mujao (Mouvement pour l’unicité du jihad en Afrique de l’ouest), né en 2011 d’une scission au sein d’Aqmi, détient depuis avril 2012 quatre diplomates algériens enlevés à Gao. Ce mouvement islamiste radical est étroitement lié aux trafics de drogue gangrénant le Sahel.
- Ansar Dine (Défenseurs de la Foi), fondé en 2012 par Iyad Ag Ghali, ancienne figure de proue du Mouvement populaire pour la libération de l’Azawad (MPLA) dans les années 90 et converti à la cause salafiste au début des années 2000.
- Le MNLA (Mouvement national de libération de l’Azawad), dont le noyau dur est constitué de Touaregs retournés au Mali après avoir été armés et enrôlés dans l’armée de Mouammar Kadhafi en Libye. Indépendantistes et laïcs, les Touaregs du MNLA sont équipés de véhicules et d’armes sophistiquées et sont les premiers à avoir déclenché un mouvement de sécession en janvier 2012. Dépassés par l’expansionnisme des groupes islamistes cités supra, ils se disent désormais prêts à aider la France à lutter contre eux.
Enrayer l’expansion des groupes armés terroristes vers le sud était urgent et nécessaire pour éviter que le Mali ne s’effondre et ne devienne un « Afghanistan sahélien » : tout sanctuaire terroriste en Afrique de l’Ouest ne ferait que déstabiliser la région toute entière et, par là-même, menacer la sécurité européenne et internationale. C’est là tout l’objectif de l’opération Serval décidée par le Président de la République, chef des armées.
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