L’extrême faiblesse de l’armée malienne d’une part, et le caractère laborieux du déploiement d’une Mission internationale de soutien au Mali (MISMA), sous conduite africaine, prévu par la résolution 2085 adoptée par l’ONU le 20 décembre dernier, créaient une brèche sécuritaire dans laquelle les groupes armés du Nord-Mali se sont engouffrés le 10 janvier 2013 pour tenter d’étendre leur emprise. Afin d’empêcher leur main basse sur l’ensemble du pays, la France mis en place dès le 11 janvier un dispositif amené à monter en puissance.
Au 22 janvier 2013, ce dispositif est composé d’opérations aériennes et de 2300 militaires français déployés sur le sol malien.
Le dispositif de sécurité des ressortissants français, du personnel diplomatique notamment, a en outre été renforcé par l’envoi d’une dizaine de gendarmes du GIGN et une antenne chirurgicale avancée (ACA) a été déployée à Bamako pour, en cas de besoin, procéder à une dizaine l’interventions chirurgicales par jour.
La France peut par ailleurs compter sur le soutien d’alliés occidentaux. Ainsi, le Royaume Uni, la Belgique, l’Espagne et le Danemark ont mis des avions C-17 et Hercule C 130 à disposition de la France pour acheminer du matériel (notamment des véhicules blindés), des munitions et des vivres depuis les bases aériennes françaises, en passant par N’Djamena et Abidjan. L'Allemagne apporte son soutien avec deux C-160 pour le fret sanitaire et le transport de troupes de la MISMA, ainsi qu'un Airbus A-310. Le Canada a quant à lui permis, grâce à un de ses gros porteurs C17, le transport depuis la France l’hélicoptères du groupement aéromobile. De leur côté, les Etats-Unis fournissent un soutien dans le domaine des transports avec la mise à disposition de trois C17, mais aussi dans au niveau des communications et du renseignement. Ils envisageraient l'envoi d'un petit nombre de drones de surveillance non armés sur le terrain.
Parallèlement, la MISMA commence à monter en puissance avec un état-major à Bamako travaillant sur la projection à venir de plusieurs bataillons africains sous l’égide du général nigérian Shehu Abdulkadir. Ces bataillons seraient fournis par le Nigeria (600 soldats), le Niger (500), le Burkina Faso (500), le Togo (540), le Sénégal (450), la Guinée (145), le Tchad (un régiment) et le Bénin (300 soldats). Ces contingents africains arrivent progressivement sur le Mali et le Niger et regroupent désormais près de 1 600 soldats. Près de 1 000 Nigériens, Nigérians, Togolais et Béninois ainsi que les premiers éléments du futur état-major sont désormais engagés au sein de la MISMA et plus de 500 soldats tchadiens ont rejoint Niamey où ils poursuivent leur montée en puissance.
La mise en place d’une Mission de formation de l’Union européenne (EUTM Mali) a été décidée par le Conseil des ministres des affaires étrangères du 17 janvier pour une durée initiale de 15 mois et un coût estimé à 12,3 millions d’euros. Un total de 450 personnes (environ 200 instructeurs, ainsi que du personnel d'appui et une force de protection) composeront l’EUTM Mali. Chargée de fournir une formation militaire et du conseil aux forces armées maliennes et placée sous le commandement du général français François Lecointre, elle devra être déployée « au plus tard à la mi-février ». L’UE en a également appelé à la tenue dans les meilleurs délais d'une conférence de donateurs pour appuyer sur le plan logistique et financier le déploiement de la MISMA, qui permettra la mise en oeuvre du volet politique de la résolution 2085 de l’ONU. Celle-ci prévoit en effet un processus de réconciliation politique et des négociations avec les rebelles du Nord qui se dissocieraient du terrorisme.
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