Synthèse de l’audition de Mme Nathalie Hanet, directrice générale de l’EPIDE (Etablissement Public d’Insertion de la Défense)
Cette audition s’inscrit dans le cadre des travaux de la Commission sur les dispositifs citoyens liés à la Défense, en vue de l’étude d’un nouveau dispositif citoyen, projet évoqué par le Président de la République le 5 février 2015.
L’EPIDE a été créé en 2005 par Michèle Alliot-Marie, alors ministre de la Défense, et Jean-Louis Borloo, ministre du Travail. L’objectif poursuivi est l’insertion professionnelle et sociale de jeunes de 18 à 25 ans qui ont peu ou pas de qualifications. La durée moyenne de la formation est de 10 mois mais peut varier selon les individus. Les jeunes sont accueillis en internat par une équipe pluridisciplinaire organisée selon 4 grandes fonctions : l’insertion professionnelle, la remise à niveau scolaire, l’accompagnement médico-social, et un parcours civique original, véritable force de l’EPIDE. En effet, les volontaires reçoivent des cours d’instruction civique et participent sur le terrain à des missions d’intérêt général telles que les commémorations, ou des actions de solidarité auprès des associations. Au sein de centres de l’EPIDE, les jeunes passent des diplômes et peuvent également préparer leur code de la route et leur permis de conduire. Le dispositif est inspiré du monde militaire, avec un système d’horaires stricts, d’uniforme, de levée du drapeau et de vie en communauté ; 1/3 des personnels sont d’anciens militaires.
Effectifs
Aujourd’hui, les EPIDE accueillent 2 085 jeunes pour un flux annuel de 3500 volontaires. 300 places supplémentaires ont été annoncées par le Président de la République d’ici à l’été, et seront réparties dans les 18 centres déjà existants, 300 autres pourraient également voir le jour après cette première augmentation des effectifs. Mme Hanet tempère en rappelant que plus de 150 000 jeunes sortent du système scolaire sans qualification et que 20 000 places étaient prévues initialement. En matière de résultats, sur 3500 jeunes entrants, plus de la moitié ressort avec un emploi ou une formation qualifiante. Les autres sont pour l’essentiel, réorientés vers d’autres dispositifs.
Les jeunes sont recrutés par candidature spontanée (30 à 40 %), par les missions locales (40%), les CIRFA (5%), et lors des journées défense et citoyenneté. Mme Hanet, interrogée sur les candidatures à l’entrée dans un centre de l’EPIDE de volontaires condamnés par la justice, rappelle que le dispositif ne s’adresse pas initialement aux jeunes sortant de prison et n’est pas non plus une alternative à l’incarcération. Elle rappelle également que l’extension aux mineurs de 16-18 ans, comme le proposait Mme le député Nieson, a été expérimentée mais faute de budget, la tentative a été suspendue.
Suite à la demande de M. Fromion quant à la taille critique pour un centre de l’EPIDE, Mme Hanet renvoie à un rapport de la Cour des Comptes ayant établi la viabilité économique d’un centre à 120 volontaires et aux indications du ministère de la Ville ayant estimé qu’il ne fallait pas aller au-delà de 180.
A propos de la volonté du Président de la République d’expérimenter en métropole le SMA (Service Militaire Adapté) existant en outre-mer, Mme Hanet répond qu’elle ne craint pas que cela fasse doublon, d’autant plus si les centres du SMA sont insérés dans des villes différentes de celles des centre de l’EPIDE.
Répartition des centres
A propos de la répartition des centres, Mme la Directrice Générale constate qu’aucune offre existe dans le grand Sud-Ouest mais que des possibilités supplémentaires d’accueil sont possibles en Ile-de-France, à Lyon et à Marseille.
Financement
Questionnée sur le financement de l’EPIDE, Mme Hanet explique que le budget annuel est de 78 millions €, en nette baisse depuis plusieurs années, et versé essentiellement par les ministères du Travail et de la Ville mais pas par le ministère de la Défense, qui a fourni cependant des emprises immobilières. Le FSE (Fonds social européen) participe également, et d’autres sources existent comme la taxe d’apprentissage. Elle propose l’idée de développer cette taxe portant sur les entreprises pour celles qui sont proches d’un EPIDE et qui embauchent surtout à des postes peu qualifiés.
Mme Hanet détaille aussi les efforts de réduction des postes qui ont été effectués (suppression de 10 postes sur les 90 du siège) en précisant que la suppression de certains postes support se fera au profit de postes opérationnels. Mais les limites de la réduction sont atteintes selon elle car le budget prévisionnel 2015 est déficitaire de 1,5 millions d’euros, de même qu’elle regrette que l’EPIDE paie 2 millions € par an de contributions sociales.
Interrogée sur les dépenses des centres, elle précise que le coût unitaire par volontaire est de 22 000 € avec un taux d’encadrement de 40 %. D’autre part, les volontaires perçoivent une allocation mensuelle de 210 € et l’EPIDE capitalise 90 € par mois par jeune, qui lui seront versés à l’issu de sa formation, pour financer son permis de conduire ou son installation.
Rapports avec les collectivités et autres institutions
Sur l’opportunité de développer des centres techniques au sein des EPIDE, Mme la Directrice Générale n’y voit pas là une stratégie à développer pour le moment compte tenu des partenariats des EPIDE avec les régions via les PRDF (Plans Régionaux de Développement des Formations), et avec Pôle Emploi. D’autre part les EPIDE fonctionnent en lien avec les CFA (Centres de Formation des Apprentis) et les plateformes de l’Education Nationale afin de repérer les jeunes en situation de décrochage scolaire. Elle a rappelé la nécessité de maintenir ces centres proches des quartiers prioritaires de la ville, ce qui permettra de mettre en contact les volontaires avec les jeunes de ces quartiers. Elle met également en avant l’utilité pour les départements d’aider les EPIDE car ces jeunes qui vont sortir avec un emploi ne percevront alors pas le RSA, financé par ces mêmes départements.
Rédaction : Guillaume MURE, étudiant à Sciences-Po, stagiaire auprès de Guy Chambefort à l'Assemblée nationale.
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