Aujourd’hui mercredi 27 mai, quatre "grands hommes"... et femmes de l'Histoire de France feront leur entrée au Panthéon. Geneviève de Gaulle-Anthonioz, Germaine Tillion, Pierre Brossolette et Jean Zay, ce sont quatre figures de la Résistance auxquelles la République va rendre hommage.
Il s'agit de «deux femmes et de deux hommes qui ont incarné les valeurs de la France quand elle était à terre», a expliqué le chef de l'Etat, lors d'un hommage aux héros de la Résistance, 70 ans jour pour jour après que 22 membres du Groupe Manouchian furent fusillés par les Nazis. (Lire l’allocution de François Hollande)
Ces quatre figures «ont permis par leur courage ou leur génie à la France d'être la France», et même «au-delà de la France», a insisté le président, s'adressant «à tous les peuples qui se battent encore aujourd'hui pour leur liberté».
François Hollande a choisi deux femmes aussi «pour rappeler la contribution de toutes celles, anonymes le plus souvent, qui ont fait partie de l'armée des ombres». Elles ne sont pour l'heure que deux à avoir été "panthéonisées".
Danielle Bousquet, présidente du HCE/fh (Haut conseil à l'égalité entre les femmes et les hommes): «Après deux siècles de panthéonisations quasi exclusivement masculines - à l'exception de Marie Curie, première et unique femme célébrée pour son parcours et son mérite propres, inhumée il y a 20 ans - ces nouvelles entrées viennent marquer le début de la réconciliation entre la République et la moitié de ses serviteur-e-s. Le Panthéon s'éloigne de l'apartheid pour se rapprocher de l'universel : c'est la République qui en sort grandie.»
«L'histoire des femmes doit encore davantage être enseignée et diffusée, en premier lieu à l'école. Car ainsi que le soulignait l'historienne pionnière Michelle Perrot, malgré des retouches non négligeables, les manuels scolaires continuent de donner de l'histoire, sous le couvert de l'universel, une vision virile dont les hommes, petits ou grands, sont les acteurs.»
Geneviève de Gaulle-Anthonioz
Nièce du général de Gaulle, elle fut des résistants de la première heure. A 20 ans, en 1940, elle intègre le groupe du Musée de l'Homme, puis le réseau Défense de la France, où elle multiplie les actions de renseignement et d'information. Arrêtée par la gestapo française, elle est déportée au camp de Ravensbrück le 2 février 1944.
A la Libération, elle participe à l'essor du mouvement politique fondé par son oncle, le RPF. Militante des droits de l'homme, elle s'engage contre la grande pauvreté, et présidera ATD Quart Monde de 1964 à 1998. Fidèle à son combat, elle fera adopter une loi de lutte contre la pauvreté en 1998. Elle est morte en 2002.
Germaine Tillion
Germaine Tillion fait également partie des premiers résistants en 1940. Elle prend la tête d'un réseau d'évasion de prisonniers de guerre en 1941 avant d’être déporté au camp de Ravensbrück en 1943, où elle rencontre Geneviève de Gaulle-Anthonioz.
Après la guerre, elle devient directrice d'étude à l'Ecole pratique des hautes études et réalise des travaux sur l'histoire de la Seconde guerre mondiale. Elle s'engage plus tard contre la guerre d'Algérie, où elle avait effectué plusieurs séjours avant-guerre, et meurt en 2008, à l'âge de 101 ans.
Comme pour Geneviève de Gaulle-Anthonioz, qui était son amie intime, sa dépouille ne rejoindra pas le Panthéon. Les deux cercueils ne contiendront qu'une urne remplie de terre prélevée sur leurs tombes.
Pierre Brossolette
Né en 1904, Pierre Brossolette est un journaliste et homme politique socialiste français. Il fut journaliste après avoir été reçu premier à l'Ecole normale supérieure militant au parti socialiste. Mobilisé en 1939, il intègre le Groupe du Musée de l'Homme dès sa démobilisation. En octobre 1942, il prend la tête de la Section opératoire, service chargé de faire le lien entre les résistances "intérieure" et "extérieure". Il est arrêté par la Gestapo en février 1944. Torturé, il meurt d’une chute de plusieurs étages sans avoir parlé.
Jean Zay
Né en 1904, avocat, journaliste, écrivain, Jean Zay connaît une carrière politique fulgurante : élu député radical-socialiste du Loiret à 27 ans puis nommé ministre de l'Éducation du Front populaire à 31 ans, il démissionne en 1939 pour s'engager volontairement dans les troupes françaises à la déclaration de guerre. Il est emprisonné par le gouvernement de Vichy et assassiné dans un bois par la milice le 20 juin 1944, quelques jours après le Débarquement et deux mois seulement avant la Libération, à l'âge de 40 ans.
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