« Vitrines vides et bénévoles absents » titrait La Montagne dans son édition du mercredi 2 novembre 2016. Les commerçants présents à l’Assemblée générale de Moulins Centre de Vie se sont dits inquiets que le ciel s’assombrisse encore sur le tissu commercial de Moulins.
D’après le Maire de Moulins, la ville n’est pas un promoteur commercial. Mais en tant que Président de la Communauté d’agglomération, il ne peut ignorer que le développement économique est la première mission obligatoire de la Communauté d’agglomération…
A ce propos, qu’est devenu le Schéma Commercial de l’Agglomération initié par le même Président qui en avait fait un modèle de maillage adapté au territoire ?
A partir de 2003, une étude avait été confiée au cabinet CVL (Commerce en Ville et en Ligne) pour un coût important (56 451 € en 2003, 119 000 € en 2004, 716 000 € en 2005, 417 000 € en 2006 puis au-delà, avec la poursuite des études autour du marché couvert…).
Il faut rappeler qu’en 2005, le chiffre d’affaires de cette société ayant pour activité « Etudes de marché et sondage » fut de 1 700 000 € dont 716 000 € de Moulins. Nous avions été un grand nombre à faire part de notre scepticisme par rapport à ces « études –schéma » qui nous ont conduits à la situation actuelle.
Au-delà de ces études coûteuses, avec la finalité que l’on connaît, la municipalité a-t-elle vraiment analysé la situation? Dire que c’est pire à tel ou tel endroit, ce qui reste d’ailleurs à prouver, ne constitue pas une réponse…
Constat et questions :
- Toutes les villes ne perdant pas leurs commerces dans de telles proportions, quels sont les problèmes spécifiques à Moulins?
- Les choix d’aménagements urbains sont-ils favorables aux commerces ? Les terrasses de café ne pouvant à elles seules remplacer les boutiques, faut-il persister dans cette voie ?
- Sans parler des zones commerciales périphériques, s’est-on demandé pourquoi, les enseignes se déplacent pas très loin du centre-ville (route de Lyon…) ?
- L’évolution de la démographie est un vrai problème. La ville a perdu trop d’habitants (voir les chiffres très inquiétants). La réduction du nombre de logements sociaux liés au PRU (100 de moins sur Moulins) a contribué à cette baisse.
- Trop d’administrations sont concentrées dans le centre-ville. Les véhicules des personnels bloquent beaucoup de places de stationnement. L’agrandissement des services de la Communauté d’agglomération va amplifier le phénomène. Cette implantation n’est pas judicieuse.
Le stationnement payant est une plaie pour le commerce de centre-ville. C’est d’ailleurs l’un des facteurs qui provoque la migration des enseignes route de Lyon. Le réaménagement de la place de Tassigny va sans nul doute amplifier cette dégradation.
Quelques leviers à actionner pour faire vivre le cœur de la ville :
- S’inspirer du manifeste de l’Association Villes de France qui propose un programme national de revitalisation des centres villes sur le modèle du renouvellement urbain (faciliter les opérations de déconstruction-reconstruction et favoriser le développement de zones commerciales intégrées dans le centre-ville).
- Tout doit être fait pour ramener des habitants en centre-ville ou à proximité car l’état du commerce n’est que conséquence, du manque d’attractivité du centre (historiquement, les commerçants se sont toujours implantés là où il y avait du monde).
- Il faut lancer de grands programmes de rénovation de façades et devantures (rue Régemortes par exemple…).
- Les aménagements réalisés ne sont pas adaptés à une ville comme Moulins. Pour les personnes ayant du mal à se déplacer, la systématisation des places et itinéraires pavés ne favorise pas l’accès aux commerces existants.
- La non réalisation d’un marché couvert alimentaire permanent réunissant des producteurs locaux de qualité n’a pas créé l’élément attractif qui quotidiennement aurait attiré et fidélisé des gens à Moulins.
- Retravailler les espaces désertiques tels les Cours.
- Bien d’autres idées devraient jaillir d’un vrai débat avec les propriétaires des immeubles, des commerces…
En conclusion :
Il faut reprendre le problème à la base par touches successives.
Les habitants et commerçants s’écartent du cœur de ville, qui en est responsable ? La politique municipale, la faiblesse des services municipaux, les coupes budgétaires au détriment des associations…
Il faut savoir que Pierre André Périssol est depuis mars 2015 membre du Conseil de surveillance de « Patrimoine et Commerce » société foncière dont le développement est clairement orienté vers le « Retail Park low cost » en périphérie des villes. Cette société qui en six ans d’existence a plus que triplé son patrimoine a pour activité l’aménagement des parcs commerciaux aux entrées et sorties de villes moyennes sur l’ensemble du territoire.
Peut-on être « intéressé » comme membre des organismes de gouvernance à ce type de développement par le biais de cette société et, comme maire prétendre sauvegarder le commerce de centre-ville ?
Le maire de Moulins, Président de la Communauté d’agglomération est-il le mieux placé pour mener à bien une politique de redynamisation du cœur de ville ?
Il est grand temps que les élus de Moulins et de la Communauté d’agglomération se préoccupent d’économie avec réalisme et efficacité.
Guy Chambefort
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