Le consortium Alstom-Bombardier a remporté, sans surprise après l'élimination de son unique rival CAF, le contrat pour les RER nouvelle génération, l'un des plus importants de l'histoire du ferroviaire.
Le Syndicat des transports d'Ile-de-France (Stif) a passé commande mercredi 11 janvier d'une première tranche de 71 rames, pour 1,55 milliard d'euros, dont 1,15 milliard pour ce consortium (environ 70% Alstom et 30% Bombardier). Le reste correspond aux frais des études de conception, d'industrialisation, de suivi de projet et d'homologation.
Des commandes optionnelles devraient ensuite être débloquées. Au total, Alstom et Bombardier pourront avoir à fournir jusqu'à 255 rames (125 pour le RER D et 130 pour le RER E), pour un montant maximum d'environ 3,75 milliards d'euros. Il s'agit du contrat "le plus important jamais financé par le Stif", et du "plus gros appel d'offres jamais mené par la SNCF sur du matériel roulant", selon un communiqué de presse du Stif et de la SNCF - chargée de répondre à l'appel d'offres.
Pour permettre l'arrivée des trains en 2021, la fabrication "commencera en 2018 et les cadences sont extrêmement rapides, ce sont des cadences qui n'ont jamais été atteintes pour ce type de matériel dans le passé", a expliqué, lors d'une conférence de presse, le PDG d'Alstom Henri Poupart-Lafarge.
Dans une région où la moyenne d'âge des trains est de 27 ans, ces nouveaux RER viendront, dans un premier temps, remplacer les trains vieillissants de la ligne D, à partir de 2021. Le Stif et la SNCF promettent plus d'espace et de confort, mais aussi plus de ponctualité, notamment car ces trains neufs doivent être plus fiables que les anciens. Ils seront ensuite déployés sur la ligne E lorsqu'elle sera prolongée vers l'ouest, en 2022 jusqu'à Nanterre, puis en 2024 jusqu'à Mantes-la-Jolie. Initialement, seule cette ligne devait en être équipée.
Un premier appel d'offres, lancé en 2012, avait été annulé faute de réponses satisfaisante et la SNCF en avait lancé un second en mai 2013. Trois candidats avaient répondu : le consortium Alstom-Bombardier, l'espagnol CAF et l'allemand Siemens. Ce dernier avait rapidement jeté l'éponge. Quant à CAF, il a été éliminé après que la SNCF a jugé qu'il ne serait pas en mesure de livrer 70 rames par an, ce que conteste l'intéressé.
L'espagnol partait pourtant favori dans la course, avec un prix inférieur d'environ 15% à celui proposé par ses concurrents. Mais l'annonce début septembre de la quasi-fermeture de l'usine Alstom de Belfort, puis son sauvetage à coups de commandes de TGV, a pu changer la donne.
Cette commande doit également sécuriser l'emploi : environ 2.000 personnes y travailleront au sein du consortium, à la fois sur le site de Bombardier à Crespin (Nord), et sur huit sites d'Alstom en France - Valenciennes, Reichshoffen, Ornans, Le Creusot, Villeurbanne, Tarbes, Petit-Quevilly et Saint-Ouen. Plus de 8.000 emplois doivent être pérennisés au sein de la filière ferroviaire française.
Le PDG d'Alstom a par ailleurs assuré que la fabrication des RER resterait dans l'Hexagone : "Le train sera assemblé à Valenciennes et intégrera des composants venant d'autres sites (...) en France", a-t-il souligné. "Il a été voté au Stif un souhait que la SNCF vienne présenter chaque année, et régulièrement, l'état très transparent de la fabrication des rames. (...) Pour chaque tranche (de commandes), nous recontrôlerons que tout cela est bien conforme à l'appel d'offres", a ajouté la présidente (LR) de la région Ile-de-France et du Stif, Valérie Pécresse.
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