Des habitants de Surgères ont créé en 2014 une accorderie qui permet à ses membres d’échanger des services et des compétences sous forme de monnaie "temps". L’initiative citoyenne, soutenue dès le départ par la commune, s’étend progressivement aux villages voisins.
Fin 2016, on comptait une trentaine d’accorderies en France, des associations qui reposent sur un système d’échange de services, d’entraide et de solidarité entre habitants d’un même territoire. Début 2014, l’accorderie de Surgères démarrait son activité. Elle regroupe aujourd’hui plus de 380 membres, et depuis 2015 s’est étendu aux villages voisins du Thou et d’Aigrefeuille-d’Aunis. Les élus s’intéressent et soutiennent l’initiative.
L’idée est née en décembre 2012 d’une rencontre entre des habitants de Surgères (6.800 habitants) et des alentours, réunis en collectif autour d’une volonté commune d’agir pour favoriser la solidarité entre habitants. "Sur le territoire, il y a beaucoup de passage, des nouveaux habitants qui arrivent seules, et une pauvreté économique croissante. Notre objectif était de créer des liens entre les personnes, agir contre l’exclusion et l’isolement ", explique une des quatre co-présidentes, Catherine Marganne, membre de l’association "Du bonheur dans les épinards" qui porte et anime l’accorderie.
Après plusieurs réunions publiques pour informer les habitants, le collectif décide de créer une accorderie. "Nous ne souhaitions pas mettre en place quelque chose de compliqué ou qui repose sur l’échange des biens comme une monnaie locale, mais en priorité de favoriser le lien social par la rencontre", précise la co-présidente.
D’où le choix de l’accorderie qui permet aux membres d’échanger du temps : avec le principe d’une heure de service reçu pour une heure de service rendu, sans hiérarchie entre une aide pour le ménage, des cours d’anglais ou un trajet en voiture.
Fin 2016, deux ans après son lancement, l’accorderie de Surgères regroupe déjà 380 membres qui échangent ainsi entre eux sous forme de "chèque temps ".
Dès le départ, la commune de Surgères a mis gratuitement à disposition de l’accorderie des locaux et depuis mi-novembre 2016, le rez-de-chaussée d’une petite maison située en centre-ville à rénover. La mairie a pris en charge les gros travaux d’isolation et d’électricité, le reste de l’aménagement est effectué par les bénévoles de l’accorderie, avec du matériel financé par la caisse d’allocations familiales (CAF). L’initiative a par ailleurs reçu les soutiens financiers de la communauté de communes Aunis Sud, du conseil régional et de la CAF.
L’accorderie a obtenu l’agrément délivré par le Réseau des accorderies de France, structure créée en 2013 par la fondation Macif, le Secours catholique et la Caisse des Dépôts.
L’ensemble de ces aides a permis à l’association d’embaucher deux salariées - une coordinatrice en CDI à 18h par semaine et une animatrice en CAE à 24h par semaine - grâce à un budget total d’environ 45.000 euros par an.
Après une rencontre avec des élus et habitants de Le Thou et Aigrefeuille-d’Aunis, l’accorderie a étendu ses services dans les deux villages voisins en 2015, où des permanences sont assurées tous les mois.
Pour les élus comme pour les membres de l’association, le succès de cette initiative est lié au fait qu’elle correspond aux demandes et besoins des habitants du territoire, qu’elle est née et a été portée avant tout par des citoyens.
"Beaucoup de personnes ont besoin de petits coups de main, de services, mais n’ont pas forcément les moyens financiers pour les payer", explique la maire de Surgères, Catherine Desprez. "Autre aspect important, cette association permet de rompre des solitudes. On y discute sur un pied d’égalité, sans jugement." L’élue conclut : "Si les associations sont les mieux placées pour agir sur ces questions, il faut aussi qu’elles soient soutenues par les collectivités locales."
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