Analysant l'action des forces de sécurité et leurs résultats, mis en rapport avec les moyens mis en œuvre, la Cour des comptes éreinte la gestion des forces de sécurité dans un rapport publié jeudi. Au fil des 250 pages, elle met aussi en doute la baisse de la délinquance depuis 2002, date de l'arrivée de Nicolas Sarkozy à l'Intérieur.
Dans son rapport de 250 pages, la Cour des comptes passe au crible les forces de sécurité publique, celles étant dans la rue, le gros des troupes de la police et de la gendarmerie, dans une cinquantaine de villes d'Ile-de-France, Rhône-Alpes ou Paca.
Sur la période 2002-2010, écrivent les rapporteurs, l'Etat lui «a consacré des moyens croissants budgétaires, technologiques et humains».
Mais, ajoutent-ils, les résultats sont «contrastés» au regard des statistiques qui ont montré un «recul des atteintes aux biens» mais une «hausse» des violences aux personnes. Et depuis 2009, ajoute la Cour, l'«exigence d'une plus grande efficacité de la lutte contre la délinquance «doit être satisfaite (...) avec des moyens en diminution» et une «hausse des dépenses de rémunérations».
L'organisation et la gestion des effectifs sont visées par le rapport qui fustige également l'état statistique des deux forces. Ainsi, avancent les rédacteurs, «en 2009, la reprise à la hausse de la délinquance a été évitée en grande partie par le refus des services d'enregistrer des plaintes» de victimes d'escroqueries. La baisse de la délinquance a résulté, selon eux, du fort recul des vols d'autos et de dégradations de biens privés.
Côté moyens, assurent-ils, «les effectifs ont été en hausse sur 2002-2010 suivie d'une diminution égale» avec, au final, une baisse de 5,3% depuis le 1er janvier 2003 du nombre de policiers et de 25% pour leurs budgets de fonctionnement (hors rémunérations) en 2010. La Cour pointe encore la «coûteuse et complexe organisation du temps de travail dans la police» et le «peu de latitude pour (...) l’accumulation des heures à récupérer». Ainsi, en 2009, 30% du «potentiel théorique» des forces étaient «indisponibles pour cause de congés, repos, maladies et autres absences».
Dans le même temps, elle signale le «rôle grandissant des polices municipales», en développement de +35% sur la période analysée, beaucoup plus que les forces de l'Etat et plaide pour réformer l'organisation des forces «en profondeur». Il faut aussi un «nouveau partage territorial».
Elle met par ailleurs en cause le «développement rapide mais coûteux» de la vidéosurveillance, allant jusqu'à mettre en doute les chiffres de celui-ci qui avançait le nombre de 20 000 caméras dans la rue en 2008 quand elles n'étaient que 10 000 pour la Cour.
Le ministre Claude Guéant s'est dit «en colère» contre les «approximations» d'un rapport «qui ne traduit pas la réalité de la situation». Interrogé jeudi sur BFM TV, il a vertement rétorqué que la vidéosurveillance, le gouvernement préfère parler de vidéo-protection, était un outil «formidable». Et d'affirmer qu'il y a actuellement «45 000» caméras installées et qu'il y en aurait «65 000 l'an prochain».