C'est ce qu'annonce à sa Une le quotidien Le Figaro de vendredi.
L'objectif est d'éviter que le texte ne s'enlise au Parlement alors que Nicolas Sarkozy, qui a tranché en faveur d'un projet gouvernemental plutôt qu'à la proposition parlementaire de Jean-François Copé, souhaite que l'interdiction soit votée avant l'été.
Or la fenêtre de tir est ténue. Sachant qu'un délai de six semaines entre le passage d'un texte en Conseil des ministres et le début son examen par le Parlement est obligatoire, et que la navette entre l'Assemblée nationale et le Sénat jusqu'à l'adoption en termes identiques du projet de loi -sans compter l'éventuelle réunion de la commission mixte paritaire - prend au moins deux mois, on mesure bien l'impasse.
Et ce, même si le texte est présenté en conseil des ministres dès courant mai comme l'a indiqué Luc Chatel, porte-parole du gouvernement.
La seule solution est donc déclencher la procédure d'urgence qui ne nécessite qu'une seule lecture du texte à l'Assemblée et au Sénat avant réunion de la commission mixte paritaire.
Si François Fillon veut lui aussi vite, Matignon a cependant fait savoir au quotidien que la décision quant aux modalités n'était pas tranchée.
Et pour cause. "L'urgence" pourrait bien agacer certains élus de la majorité, déjà passablement irrités par la place prise par l'exécutif dans l'agenda parlementaire. En outre, à droite comme à gauche, les avis sont partagés quant à l'opportunité d'une loi et son périmètre.
Pas François Fillon en revanche qui s'est même dit "prêt à prendre des risques juridiques" lors d'une visite dans les Yvelines, en allusion aux réserves émises fin mars par le Conseil d'État sur une interdiction de la burqa.
Seule précaution, le gouvernement présentera son texte en Conseil des ministres après avoir consulté les partis et les groupes politiques, et naturellement, les autorités morales et religieuses, indiqué Luc Chatel. Selon lui, il s'agit de "ne pas laisser dériver le phénomène", comme cela a été le cas "en 1989", année où le Conseil d'État avait mis en garde le gouvernement sur l'interdiction du voile à l'école. Nicolas Sarkozy a cependant ajouté que tout devait être fait pour que "nul ne se sente stigmatisé du fait de sa foi et de ses pratiques religieuses".
- Selon Luc Chatel, Nicolas Sarkozy a estimé que le port du voile intégral ne posait pas un problème d'ordre religieux mais "portait atteinte à la dignité de la femme et n'était pas acceptable par la société française". "Aux alentours de 2000" femmes seraient concernées en France par le port de la burqa", selon le porte-parole du gouvernement.
- Bernard Accoyer, président UMP de l'Assemblée nationale, a souhaité mercredi sur France Info que le gouvernement n'utilise pas la procédure d'urgence lors de l'examen au Parlement du projet de loi visant à une interdiction générale du voile intégral, prônant une procédure "non accélérée", "sereine". "Il faut résoudre cette question, il n'y a pas d'urgence à quelques semaines près. Prenons le temps du débat, recherchons le consensus républicain pour aboutir à ce que cette pratique cesse sur le territoire de la République", a-t-il ajouté, précisant que le président du Sénat Gérard Larcher était "sur la même ligne" que lui.
Le voile, dont des femmes musulmanes à travers le monde se couvrent la tête en totalité ou en partie se décline en différentes versions et se retrouve dans de nombreuses traditions, bien au-delà de l'islam. Le port du voile pour les femmes est attesté depuis l'Antiquité, par exemple chez les juifs dans la Bible et chez les Arabes bien avant l'avènement de l'islam.
Le terme hidjab vient la racine arabe hajaba, qui signifie "cacher", "dérober aux regards", "mettre une distance". Ce voile cache les cheveux, les oreilles et le cou, ne laissant voir que l'ovale du visage. Promu par les Frères musulmans, il est souvent complété par une tunique ou un imperméable. Il s'est généralisé dans le monde musulman, remplaçant les tenues traditionnelles comme le "haïk" en Afrique du Nord, grande pièce de laine ou de coton qui dissimule les formes du corps et voile le visage.
Le voile s'appelle aussi lithâm (cache-nez) ou encore khimâr, terme générique qui désigne tout ce qui couvre la tête: mantille, châle ou écharpe.
La burqa est à l'origine le vêtement traditionnel des tribus pachtounes en Afghanistan. Ce long voile, bleu ou marron, couvre complètement la tête et le corps, un grillage dissimulant les yeux. Cette tenue était devenue aux yeux du monde le symbole du régime des talibans en Afghanistan, qui l'avaient rendue obligatoire. Mais elle est loin d'avoir disparu après leur chute en 2001.
Dans les pays arabes, le niqab, voile intégral complété par une étoffe ne laissant apparaître qu'une fente pour les yeux, s'est répandu sous l'influence de l'islam wahhabite, surtout en milieu urbain. Certaines femmes y ajoutent des lunettes de soleil et des gants, voire un masque.
Le tchador, en Iran, est un vêtement traditionnel porté essentiellement aujourd'hui par les pratiquantes. Il s'agit d'une grande pièce de tissu posée sur la tête, laissant apparaître l'ovale du visage, tenue fermée à l'aide des mains, voire des dents si la femme a besoin d'utiliser ses bras. Le port du tchador n'est pas obligatoire en République islamique. Pour autant, toutes les femmes, qu'elles soient Iraniennes ou étrangères, doivent porter un voile couvrant leurs cheveux.
Source : france2.fr
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