Auditionné par les députés sur la future loi Nome, Henri Proglio, PDG d'EDF, chiffre à 10 milliards d'euros l'impact de la réorganisation du marché de l'électricité sur son groupe. Il s'insurge contre les demandes de GDF Suez sur le prix de revente de l'électricité nucléaire.
Le débat s'envenime entre les deux géants français de l'énergie autour du prix auquel EDF va devoir céder à ses concurrents, à partir du 1er juillet, jusqu'à un quart de son électricité nucléaire. « Si quelqu'un est capable de vendre 35 euros le mégawatheure de sa production nucléaire, j'achète ! Halte aux bêtises ! Halte aux contrevérités ! Non aux stupidités », s'est emporté, mercredi devant les députés, le PDG d'EDF Henri Proglio, en évoquant les demandes de GDF Suez.
Au terme de la loi Nome, qui réorganise le marché de l'électricité, le gouvernement doit arrêter d'ici à mars le prix, proche du coût de revient, auquel EDF devra approvisionner ses concurrents. Dispositif mis en place sous la pression de Bruxelles qui se plaint de la faible ouverture du marché français de l'énergie. S'exprimant la semaine dernière devant la même Commission des affaires sociales de l'Assemblée nationale, le PDG de GDF Suez, Gérard Mestrallet, avait indiqué qu'un prix de 35 euros le MWh était « équitable », puisque c'est « le prix qu'EDF facture aux particuliers ». « Il n'y aurait aucun pillage puisqu'EDF ne ferait pas de pertes mais au contraire une marge », avait-il ajouté. Pour lui, « le prix de revient de l'électricité nucléaire d'EDF, auquel se réfère la loi Nome, est en effet de 31 euros le MWh », avait-il expliqué à « La Tribune » le 20 décembre 2010, en ajoutant que c'est à ce prix qu'il achète déjà une partie du courant produit dans les centrales françaises du Tricastin et de Chooz.
Affirmation qui a le don de faire sortir de ses gonds Henri Proglio. « Halte au mensonge ! Ce n'est pas la grande braderie. Le nucléaire français n'est pas en soldes », s'est-il énervé. « Le coût complet du nucléaire existant est de 45 à 46 euros le MWh, affirme-t-il pour sa part, y compris les investissements initiaux. » « Nous avons accepté de faire un effort à 42 euros à titre transitoire avant de rejoindre ensuite le prix d'équilibre », a-t-il déclaré. Henri Proglio chiffre cet « effort » à 10 milliards d'euros sur quatre ans. « Je ne vois pas pourquoi la France serait la plus abrutie des nations du monde où on ferait cadeau du patrimoine national à des concurrents », a-t-il poursuivi. « 45 euros le MWh aboutit à une valorisation du parc nucléaire français de 50 milliards d'euros, un niveau très inférieur à celle de nos comparables en Bourse, y compris ceux qui tiennent ces propos », a-t-il martelé. Le gouvernement compte s'appuyer sur le rapport que doit remettre d'ici à mars Paul Champsaur, spécialiste de la concurrence, pour trancher cette dispute et fixer ce prix.
A lire dans son contexte et son intégralité ( latribune.fr/Marie-Caroline Lopez)
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