L'arrêt programmé de la télévision analogique va créer un appel d'air dans les bandes de fréquence plus basses.
Au soir du lundi 7 mars, Frédéric Mitterrand, Eric Besson et Bertrand Delanoë célébreront au premier étage de la tour Eiffel le passage de la région Ile-de-France à la télévision numérique. C'est qu'il y a matière à se réjouir. Sur le site Internet de France Télé Numérique, l'organisme public chargé de gérer la transition, on énumère les avantages du nouveau système : plus de chaînes, plus de programmes, meilleure qualité de réception... Même Fred et Jamy, présentateurs vedettes de l'émission de vulgarisation "C'est pas sorcier !", ont été réquisitionnés pour convaincre les perplexes.
Quatorze zones de la moitié nord de la France ont déjà basculé dans le tout numérique. De quoi combler des millions de téléspectateurs ? Sans doute. Mais certains d'entre eux, qui ont pourtant suivi à la lettre les recommandations de France Télé Numérique, restent écartés des joies de la télévision du futur.
C'est le cas de Micheline, amiénoise de 89 ans, dont le poste dernier cri n'affiche qu'une mosaïque brouillée. "Heureusement, j'ai le transistor. Mais ce n'est pas pareil que la télévision", se lamente-t-elle dans les colonnes du Courrier picard. "Vous savez, à mon âge, on a ses petites habitudes. J'avais mes programmes quotidiens et depuis l'arrivée de la télévision tout numérique : plus rien."
Son téléviseur, comme tous ceux vendus depuis 2008, contient pourtant un adaptateur TNT intégré. Elle n'a donc pas eu à s'équiper d'un boîtier spécialement dédié au numérique, comme expliqué dans le mode d'emploi officiel. Le syndic de son immeuble a lui aussi effectué les modifications techniques nécessaires, mais un deuxième passage de l'antenniste est indispensable pour que tout fonctionne, et le technicien croule sous les demandes.
Il n'est d'ailleurs pas seul, puisque l'Est républicain rapporte la situation d'un autre professionnel dont le téléphone n'arrête pas de sonner. Dans son secteur de Meurthe-et-Moselle, trois émetteurs entrent en conflit depuis le basculement vers le numérique, provoquant "un sac sans nom" : "Les trois émetteurs sont gérés par trois opérateurs privés différents qui se rejettent la faute systématiquement. [...] Avant la TNT, quand ça ne marchait pas, on avait une mauvaise qualité d’image. Aujourd’hui, quand ça ne marche pas, on a un message 'pas de signal', point barre. Les gens ne comprennent pas ce qui se passe."
DES CAS ISOLÉS... ET MINIMISÉS
La Voix du Nord possède également dans ses archives son lot de situations embarrassantes. Les habitants de la commune de Fourmies (Nord) sont ainsi privés des informations régionales de France 3 et n'ont droit qu'à la version picarde, l'émetteur le plus proche étant situé dans cette région voisine de quelques kilomètres.
Dans ces cas de désœuvrement, les représentants de France Télé Numérique sont appelés à la rescousse. Et bien qu'ils soient à l'écoute des téléspectateurs parfois excédés, certains ont tendance à minimiser l'importance des situations litigieuses. Mathieu Stiévenard, délégué régional Nord-Pas-de-Calais pour France Télé Numérique, explique ainsi que seul 0,1 % de la population est concerné par ces problèmes, mais que parmi eux "certains ont perdu toutes les chaînes, d'autres en ont perdu une partie seulement et s'en accommodent".
Source : Le Monde.fr
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