Alors que le chômage augmente, le dispositif de la rupture conventionnelle connaît un succès sans précédent depuis sa création, en 2008. Tandis que certains syndicats reprochent à cette procédure de se substituer à des licenciements en bonne et due forme, 137 000 ruptures conventionnelles ont été officialisées au premier semestre 2011, soit 15 000 de plus que sur la même période de 2010. Le Monde a demandé à ses lecteurs de témoigner de leur expérience sur Lemonde.fr. La plupart font état d'un choix certes assumé, mais qui comporte des contraintes.
A 52 ans, Michel (le prénom a été modifié) vend sa librairie, à Perpignan. Le repreneur ne pouvant maintenir l'emploi à temps partiel de sa vendeuse, Michel lui a proposé une rupture conventionnelle "pour la favoriser". "Je l'emploie depuis dix ans et je suis très content de son travail. En tout, je lui ai versé 6 000 euros, qui vont permettre de compenser, pendant deux ans, la différence entre son salaire et les indemnités chômage", explique-t-il, jugeant cette solution satisfaisante pour tous deux. "Il est plus pratique que son contrat se finisse avec moi, dans de bonnes conditions, plutôt qu'elle soit licenciée sans garantie par le repreneur", estime le libraire.
D’autres déplorent une rupture conventionnelle subie. Le quotidien cite plusieurs témoignages affligeants. Plusieurs anciens salariés ont accepté cette forme de rupture de contrat après avoir enduré des mois de harcèlement et de pression. Certains ont préféré éviter l’affrontement avec leur hiérarchie et des années de combat au prud’homme.
La rupture conventionnelle est utilisée par certaines entreprises comme un moyen de renvoyer un salarié sans le licencier.
Ces témoignages corroborent une étude menée par le Centre d'étude de l'emploi (CEE). « Souvent, les salariés ne sont pas à l'initiative de la rupture, mais sont contents de partir, car leurs conditions de travail se sont trop dégradées et que partir est la seule solution", explique Evelyne Serverin, directrice de recherche au CNRS, associée au CEE. Mme Serverin précise que "la rupture conventionnelle ne remplace pas les licenciements économiques » collectifs, car « elle est trop complexe pour traiter de nombreux cas simultanément ».
Source : Le Monde
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