Selon Terra Nova, la redistribution d’argent public a été effectuée pour l’essentiel au profit des sociétés et des ménages les plus aisés.
Sarkozy, président des riches ? Au-delà du simple ressenti, nourri des divers épisodes people qui ont émaillé son mandat, la réponse est oui.
Ainsi, selon l’étude réalisée, à la demande de Libération, par le think tank Terra Nova, le bilan redistributif du quinquennat Sarkozy est sans appel : le président de la République a bien favorisé, sur l’ensemble de son bail élyséen, les classes les plus aisées, mais aussi, et dans une plus large mesure encore, les entreprises.
D’après cette étude, sur les 84 milliards d’euros d’argent public redéployés au cours des cinq dernières années, 50 milliards ont été attribués aux employeurs (59,6%), 18,5 milliards sont allés dans les poches des plus favorisés (22%), et 15,4 milliards ont bénéficié au reste de la population (18,4%). Sur la seule enveloppe consacrée aux ménages, 54,5% du montant redéployé a profité aux 10% les plus riches, contre 45,5% pour les autres.
Retraites. Ces montants, qui correspondent à des soldes, c’est-à-dire à la différence entre ce qui a été accordé et ce qui a été soustrait à chacune de ces catégories sur l’ensemble du mandat, ne constituent pas, cependant, un mouvement uniforme dans le temps. De fait, l’essentiel des mesures qui ont bénéficié aux plus fortunés sont issues de décisions prises en 2007, notamment au travers de la loi Tepa (travail, emploi, pouvoir d’achat). Résultat : «Les contribuables aisés sont les grands gagnants des premiers mois du quinquennat, avec des transferts considérables en leur faveur, de l’ordre de 20 milliards d’euros», remarque Olivier Ferrand, Président de Terra Nova. Et si la tendance s’inverse en 2010 et 2011, période où «ils sont mis à contribution pour participer à l’effort de financement des retraites et de redressement des finances publiques», étant même sollicités un peu plus que le reste des Français (à hauteur de 28%), les ordres de grandeur «ne sont absolument pas comparables aux sommes qui leur ont été attribuées en début de mandat, puisque le gouvernement leur reprend moins de 10% des largesses qu’il leur a accordées».
Pour le reste de la population, la tendance est encore plus nette : l’effort de distribution à leur profit, opéré en début de quinquennat, s’est progressivement mué en prélèvement au fil des années.
Pour les entreprises, enfin, le pic de mesures favorables se situe en 2009, du fait du plan de relance mis en place pour faire face à la récession, mais aussi en raison de la suppression ou la réforme d’impôts comme la taxe professionnelle ou le crédit d’impôt recherche. Et si elles commencent à être mises à contribution en 2011, cet effort est très loin de compenser ce qu’elles ont gagné les précédentes années.
L’année 2012, non prise en compte dans l’étude car non exécutée budgétairement, prolonge également cette orientation, puisque sur les 16 milliards de nouvelles recettes attendues l’année prochaine (issus des deux plans de rigueur votés à l’automne), seul un tiers proviendra des entreprises, le reste étant financé par les ménages, toutes catégories confondues. Une tendance que viendra encore renforcer la TVA sociale, qui doit organiser un basculement d’une dizaine de milliards d’euros des entreprises vers les ménages.
Gagnants. Ainsi donc, si la politique fiscale du Président a pu paraître brouillonne, cette photographie des mouvements de redistribution opérés au cours du quinquennat - réalisée pour la première fois - confirme, chiffres à l’appui, une tendance de fond : les entreprises et les ménages aisés sont les grands gagnants du mandat écoulé.
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