« Je consacrerai beaucoup d'argent aux banlieues, dans l'éducation, la formation, la rénovation urbaine, les services publics, les transports, l'activité économique » Programme du candidat Sarkozy
Le bilan : L'argent est resté à Neuilly ; adieu la mixité sociale
Les banlieues sont tombées dans les oubliettes de l'Elysée. Nicolas Sarkozy ne s'y est pratiquement plus déplacé depuis l'épisode du Kärcher et les crédits promis sont restés fantomatiques. Sans égard pour leur population et leurs mérites, les quartiers populaires ont connu une double peine : la dégradation de leurs conditions de vie en matière d'emploi et de sécurité ; un discours stigmatisant qui les renvoie à une caricature de violence, de délinquance et de communautarisme.
La ségrégation urbaine s'est accentuée entre riches, pauvres et classes moyennes. L'abandon des dispositifs de mixité sociale en matière de logement ou d'éducation a encouragé l'entre soi. Malgré ses bonnes intentions, le plan Espoir banlieues de Fadela Amara a échoué à réhabiliter les quartiers populaires, faute de financements et de soutien gouvernemental. Il a été abandonné avec le départ de la Secrétaire d'Etat en novembre 2010.
Les services publics ont perdu les moyens de remplir leur mission d'égalité des chances. La baisse de 40% des crédits de la politique de la ville frappe de plein fouet les associations et l'ACSE (Agence nationale pour la cohésion sociale et l'égalité des chances) ; la diminution des effectifs de sécurité qui a succédé à la disparition de la police de proximité a exposé encore plus durement ces quartiers à la violence et aux trafics ; la suppression de la carte scolaire et la restriction de postes d'enseignants ont ruiné l'effort de mise à niveau des zones d'éducation prioritaire …
> Le Plan Espoir Banlieues, lancé en janvier 2008, devait à l'origine être doté d'un milliard d'euros en faveur de l'emploi et de l'éducation. Il a dû se contenter des miettes des autres ministères.
- Emploi : Le dernier bilan date d'avril 2010. A cette date, sur les 45.000 contrats d'autonomie pour les jeunes des quartiers prévus en trois ans, 25 000 contrats avaient été signés, un sur trois ayant décroché un emploi ou une formation qualifiante.
- Education : Concernant l'engagement national pour l'emploi des jeunes des quartiers, 16 000 recrutements ont été effectués sur 40 000 annoncés. 13 internats d'excellence ont été créés mais le dispositif des écoles de la deuxième chance reste confidentiel. Et la suppression de la carte scolaire a vidé les zones d'éducation prioritaires de leurs meilleurs élèves.
> Depuis le projet de loi de finances pour 2009 et la loi Boutin, l'Etat s'est désengagé de l'Agence Nationale pour la Rénovation Urbaine. Conséquence : 20 000 logements n'ont pas été reconstruits.
Les chiffres-clés
- 43 % des jeunes des zones urbaines sensibles (ZUS) sont au chômage.
- Un habitant sur trois et un mineur sur deux vivent sous le seuil de pauvreté dans les ZUS.
L'abandon de la solidarité entre les villes. Le projet de loi de finances pour 2009 a tenté d'écarter le critère du nombre de logements sociaux pour l'attribution de la dotation de solidarité urbaine. Une disposition qui aurait fait perdre le bénéfice de cette dotation à 238 communes. L'opposition des élus locaux et de la gauche au Parlement a finalement eu raison de cette réforme. C'est également sous leur impulsion que le projet du Grand Paris a été rééquilibré vers les départements défavorisés.
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