« J'engagerai la politique de santé publique et de prévention qui nous fait défaut depuis tant d'années »
Le bilan : La communication en guise de politique
Trop peu. La politique de santé publique a été touchée par la cure de rigueur à laquelle le gouvernement a astreint toutes les politiques publiques. Elle a été le parent pauvre de la loi « Hôpital, Patients, santé, territoires » (HPST) et la loi de santé publique de 2004 n'a jamais été révisée. Les programmes ont été au mieux reconduits (SIDA, cancer), au pire dépourvus de crédits (amiante, psychiatrie) ou carrément oubliés comme le phénomène de plus en plus alarmant de la souffrance au travail (suicides, dépressions, maladies professionnelles)
Trop fort. La gestion de la crise sanitaire de la grippe A5 (2009) a confondu principe de précaution et sur-dramatisation : négociation bâclée des contrats pour les vaccins, mise à l'écart des médecins de ville, communication anxiogène...Cette gestion erratique a coûté 512 millions à l'Etat et provoqué un vent de scepticisme chez les Français à l'égard des campagnes de santé publique.
Trop tard. Le scandale du Médiator a jeté une lumière crue sur les dysfonctionnements de notre système de pharmacovigilance. Si le ministère a cette fois réagi avec à-propos, il aura fallu ce drame sanitaire pour qu'il reconnaisse enfin la pertinence des mesures réclamées depuis des années par les socialistes en matière de politique du médicament.
- La loi HPST(2009) ne comportait que deux mesurettes de santé publique : l'interdiction de vente d'alcool aux mineurs et de cigarettes au goût sucré. L'éducation à la santé à l'école et sur le lieu de travail n'a pas été abordée. Si la loi a reconnu l'importance de l'éducation thérapeutique dans l'accompagnement des malades et la maîtrise de la consommation médicale, ni les programmes, ni les financements n'ont été définis.
- Le système de surveillance des médicaments n'a pas retenu des mesures contenues dans le rapport sur le médicament et défendues par les députés socialistes et qui permettraient de mieux prévenir des scandales sanitaires comme le Médiator. Parmi ces mesures, la déclaration publique des conflits d'intérêts et la nécessité de procéder à des essais cliniques comparateurs. La rupture de tout lien entre les laboratoires et les financements de la formation des médecins est primordiale.
- La sortie automatique au bout de 5 ans du régime des Affections de longue durée prises en charges à 100%(PLFSS 2010) concerne certains cancers (PLFSS 2010) et l'hypertension artérielle sévère (décret 2011). Une mesure d'économie qui frappe des malades graves.
- Leplan de lutte contre le sida 2010-2014 ne suit pas les recommandations du Conseil national du Sida et de la Conférence nationale de santé concernant l'amélioration de l'accès au dépistage du VIH. Les moyens sont manquants.
- Les entreprises ayant exposé leurs salariés à l'amiante ont été exonérées de leur contribution au fonds d'indemnisation des victimes (PLFSS 2009). Une mesure qui « blanchit » leur responsabilité et rend plus difficile la réparation du préjudice.
- La loi sur les soins psychiatriques(2011) relève plus d'une logique sécuritaire que sanitaire. Elle fait l'impasse sur la dégradation continue de la prise en charge psychiatrique alors que les maladies mentales sont responsables de 12 000 suicides chaque année. Son apport se limite au toilettage des règles de l'hospitalisation sous contrainte.
- La loi sur l'organisation de la médecine du travail (2011) a défait l'indépendance de la médecine du travail en la subordonnant à l'autorité de l'employeur. Une réforme à contresens alors que la multiplication des suicides au travail met en exergue la dégradation de la vie professionnelle. Un phénomène social qui n'a donné lieu a aucune réponse gouvernementale. - La mission d'information parlementaire sur la lutte contre l'obésité (2008) a établi une série de recommandations, notamment en direction des jeunes. Aucune n'a vu le jour. La taxe sur les boissons sucrées (PLFSS 2011) sert bien davantage les caisses de l'Etat que la bataille contre l'obésité.
Les chiffres-clés
512 millions d'euros :le coût pour l'Etat de la campagne ratée de vaccination contre la grippe A. C'est le montant du déficit des hôpitaux publics en 2009.
L'interdiction du Bisphénol A, une substance présente dans les matières plastiques dont les rapports scientifiques ont démontré la dangerosité pour la santé. Un amendement socialiste a commencé par en interdire l'utilisation dans les biberons (Loi Grenelle 2, 2010). L'interdiction sera bientôt étendue à tous les plastiques alimentaires après le vote unanime en première lecture d'une autre Proposition de loi socialiste (octobre 2011).
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