La stratégie de défense visant à définir les principes, priorités, cadres d’action et moyens qui assureront dans la durée la sécurité de la France a fait à quatre reprises, sous la Cinquième République, l’objet d’un Livre Blanc. Si celui de 1972 se focalisait sur la dissuasion nucléaire et celui de 1996 sur la professionnalisation des forces et la capacité d’intervention en découlant, l’édition de 2008 avait étendu la stratégie de défense française à la sécurité nationale. Le Livre Blanc de 2013 reprend les principes de celui de 2008 et dessine les contours d’un outil de défense et de sécurité nationale adapté à la fois aux contraintes budgétaires et à l’évolution de l’environnement stratégique mondial.
Le Livre Blanc sur la Défense et la Sécurité nationale (LBDSN) de 2013 réaffirme le caractère incertain de l’environnement stratégique mondial, dont les risques et les menaces ne cessent de se diversifier mais peuvent être classés en trois catégories:
- Les menaces de la force : l’augmentation importante et rapide des dépenses militaires dans certaines zones du monde peut correspondre à un processus de modernisation de forces armées au niveau initial d’équipement en retrait par rapport à celui des armées occidentales ou à une sécurisation de voies d’approvisionnement. Mais elle peut également être le reflet d’antagonismes rendant possible la résurgence de conflits entre Etats ;
- Les risques de la faiblesse : l’incapacité de certains États à exercer leurs responsabilités peut laisser place au foisonnement de groupes criminels, de transit des trafics, ou à la constitution de bases arrière pour des groupes terroristes, leur permettant ainsi de développer leur action à grande échelle et d’affecter à terme notre sécurité ;
- L’effet amplificateur et accélérateur de la mondialisation rend plus difficile pour les Etats de contrôler les flux matériels et immatériels et plus dangereux les menaces terroristes, les cyber- menaces, le crime organisé, la dissémination des armes conventionnelles, la prolifération des armes de destruction massive et les risques de pandémies, de catastrophes technologiques ou naturelles.
Pour faire face à la diversification des risques et menaces, la France compte sur le soutien de l’Alliance Atlantique et sur l’Union européenne.
Le Livre Blanc reprend les cinq fonctions stratégiques énoncées par le Livre Blanc précédent pour les articuler autour d’une nouvelle stratégie générale : la PROTECTION du territoire national et de sa population, en métropole comme en outre-mer, la DISSUASION NUCLEAIRE sanctuarisée dans ses deux composantes (aéroportée et océanique), l’INTERVENTION extérieure des forces hexagonales dans les zones d’intérêt prioritaire guidée par le principe d’autonomie stratégique, la « CONNAISSANCE ET ANTICIPATION » permet l’appréciation des situations qui éclaire la prise de décision et l’action, la PREVENTION de l’apparition de foyers de crise.
Conformément à l’engagement du Président de la République, la France continuera à consacrer à sa défense un effort financier majeur : le budget consacré aux forces armées s’établira donc à 364 milliards d’euros sur la période 2014-2025, dont 179 milliards d’euros constants pour les années 2014 à 2019, période de la prochaine loi de programmation militaire. Cette stabilisation en valeur dément l’idée que la défense serait une « variable d’ajustement budgétaire » : elle prend sa juste part à l’assainissement des finances publiques – ni plus, ni moins. Elle permettra de bâtir un modèle d’armée répondant aux besoins de notre stratégie et adapté aux exigences de la défense et de la sécurité nationale, tout en s’inscrivant dans l’objectif du Gouvernement de restaurer l’équilibre des comptes publics et ainsi de préserver notre souveraineté et notre autonomie stratégique.
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