Le 24 avril 2013, l'effondrement du Rana Plaza, au Bangladesh, tuait 1 133 personnes et en blessait 2 000 autres. Ses victimes étaient surtout des femmes, ouvrières dans les ateliers textiles installés dans le bâtiment et travaillant pour des marques célèbres. Le Bangladesh est souvent endeuillé à cause de l’industrie du textile. Á chaque fois, dans les décombres, des étiquettes de marques occidentales, qui rechignent trop souvent à reconnaître leur part de responsabilité.
Un fonds d'indemnisation a été mis en place sous la présidence de l'Organisation internationale du travail. Le montant minimum nécessaire pour couvrir les frais médicaux et la perte partielle de revenus s'élève à 40 millions de dollars. Cette somme ne tient pas compte des dommages et intérêts. À ce jour, 15 marques sur les 28 identifiées ont abondé le fonds, pour un montant qui n'atteint que 15 millions de dollars. Certaines continuent en effet de faire la sourde oreille.
Le comportement des grands groupes, malgré la succession de drames, évolue très lentement. Le groupe Carrefour a indiqué qu’il signerait l’accord récemment. Le leader français de la grande distribution s’est longtemps défilé, s’abritant derrière sa charte éthique et des audits non reconnus. Deux usines au Rana Plaza avaient été auditées peu de temps avant la catastrophe, signe du caractère inutile et déconnecté du terrain de cette pratique puisque la qualité du bâti n’avait pas été étudiée. En effet, aucun document n’indiquait que trois étages supplémentaires avaient été ajoutés. Pourtant, la veille du drame, des salariés avaient signalé des fissures sur l’édifice. Mais on leur a intimé l’ordre de reprendre le travail. Les clients n’attendent pas.
En 2005, Carrefour avait refusé de participer au fonds commun d’indemnisation des victimes d’un effondrement d’usine, qui avait fait 64 morts et 80 blessés au Bangladesh, arguant qu’il avait mis des soutiens en place de son côté. Idem en novembre 2012, lors de l’incendie de l’usine Tazreen.
Plusieurs entreprises, à l’image de Carrefour se réfèrent également au Programme de conformité social, qui réunit les géants du secteur, d’Adidas à Wal-Mart, en passant par Auchan, Carrefour, Ikea ou Unilever. Celui-ci est censé identifier et standardiser les « meilleures pratiques »et inspirer des chartes éthiques.
Deuxième exportateur mondial de produits textiles, juste derrière la Chine, le Bangladesh propose l’une des mains d’œuvre les moins chères du monde. 30 euros par mois contre 150 ou 200 en Chine. Les bénéfices de l’espagnol Mango sont passés de un à deux milliards d’euros entre 2004 et 2012. Carrefour a triplé le sien en 2012.
La venue d’entreprises est attendue dans ce pays dépourvu de richesses naturelles, et avec une agriculture qui peine à nourrir ses habitants. Malgré cela les conditions de travail extrêmement difficiles ont conduit la population à se révolter. La répression qui a suivi n’a pas permis de faire évoluer la situation.
Le respect de la liberté syndicale, inexistante au Bangladesh, fait ainsi partie des revendications des ONG et syndicats réunis au sein de la Clean Clothes Compaign. A suivre, consommateurs… (lire l'article précédent)
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