Le musée du Louvre deviendrait le partenaire privilégié de l'Etat pour le pilotage de l'Hôtel de la Marine à Paris. Ce monument régalien, construit sous Louis XV sur la place Royale, l'actuelle place de la Concorde (8e arrondissement), doit être libéré fin 2014 par l'état major de la marine lequel rejoindra le futur Pentagone français du quartier Balard (15e arrondissement de Paris).
Telle est la recommandation, ce mardi 12 juillet, de la commission (dont Guy Chambefort est membre), nommée en début d'année par Nicolas Sarkozy et présidée par Valéry Giscard d'Estaing. Au terme d'une quinzaine de réunions de ses douze membres, depuis le première séance du 11 mars, et après 19 auditions des candidats publics et privés à l'occupation de l'Hôtel de la Marine, la dite commission donne son verdict.
Elle écarte tout projet reposant sur une vente déguisée à des acteurs privés dont l'objectif est purement financier ou spéculatif. Ce monument d'Etat, construit par et pour l'Etat, ne peut être ni vendu ni concédé.
Les grands salons d'apparat rebaptisés "Galeries du trésor français" du premier étage seront largement ouverts au public, ainsi que le fameux balcon de la place de la Concorde. Une allée piétonnière, dite de la "Concorde", reliant les deux cours centrales du quadrilatère aux rues Royale et Saint Florentin, sera également ouverte au public, et devrait être bordée d'espaces loués à des opérateurs privés ou publics représentatifs des secteurs culturels, des métiers d'art, de la gastronomie française, etc.
Selon les vœux de la commission, l'Hôtel de la Marine doit être maintenu dans le champ de l'Etat, son statut public reste à préciser. Elle recommande au Louvre d'associer au sein de cette nouvelle institution le Mobilier national, le musée des Arts décoratifs, les Manufactures nationales, le Cabinet des médailles.
Les bureaux de l'ancien hôtel de Saint Florentin, qui ferment le quadrilatère, et annexés au XIXe siècle, pourraient être affectés à la Cour des Comptes. Les espaces de bureaux restants seront donnés en location avec un cahier des charges très strict. Les revenus de ces locations devraient contribuer à l'équilibre financier de l'opération. Chaque occupant prenant à sa charge les travaux de restauration.
Ces recommandations devraient mettre fin à la vive controverse sur la privatisation de ce monument, nourrie par les défenseurs du patrimoine qui voyaient d'un mauvais œil l'appel à projets au plus offrant, lancé il y a six mois par France Domaine, le service chargé des cessions immobilières de l'Etat.
Un bail emphytéotique de soixante à quatre-vingts ans devait rapporter 300 millions d'euros à l'Etat, somme inscrite dans la loi de programmation militaire au titre des recettes exceptionnelles, à verser par le loueur à la signature du bail. Le rapport complet précisant et chiffrant les propositions de ladite commission sera rendu public à la mi-septembre.
Source : Le Monde