Edito du journal "Le Monde" du 7/1/2008. Cliquez ici pour accéder
« On attendait Bertrand Delanoë, grand favori des sondages et de l'appareil, et c'est Ségolène Royal qui effectue un surprenant come-back… »
Le vote des militants socialistes, jeudi 6 novembre, sur les six motions en compétition pour le congrès de Reims, qui aura lieu du 14 au 16 novembre, est bien loin des résultats attendus. En obtenant 29 % des voix des 130 000 votants et en faisant nettement la course en tête, distançant Bertrand Delanoë de plus de quatre points, l'ancienne candidate à l'élection présidentielle n'emporte pas un triomphe - c'est la moitié de son score lors de sa désignation à la primaire de 2006 -, mais elle a retrouvé une légitimité. Contre le vieux PS. En surfant sur la crise et en radicalisant leurs discours, Mme Royal et Benoît Hamon, porte-parole de l'aile gauche - qui frôle les 19 % -, sont les grands gagnants de ce vote qui signe la défaite du maire de Paris. En plaçant M. Delanoë nettement derrière, les militants du PS ont marqué leur défiance vis-à-vis de l'appareil et des grands élus. Ils ont voulu s'affranchir de jeux stériles et datés reflétant une pratique ancienne de la politique. Minoritaire à Paris, avec 38 %, M. Delanoë, qui incarnait la continuité face à des militants en quête de rénovation, aura bien du mal à maintenir sa candidature au poste de premier secrétaire.
La défaite de M. Delanoë est aussi un cuisant échec pour François Hollande, qui a montré qu'il n'était plus un faiseur de roi. M. Hollande n'est plus maître de son parti, et son appui au maire de Paris a desservi ce dernier en en faisant l'héritier de l'immobilisme idéologique reproché au président du conseil général de Corrèze. Mauvais perdant, M. Hollande s'est empressé de souligner que son ex-compagne n'était "pas majoritaire". Mais il est moralement obligé de tenir son engagement de se rallier à la motion arrivée en tête.
Mme Royal a donc la main. Selon l'usage, c'est autour de sa motion que devra se faire le rassemblement majoritaire sur lequel s'appuiera le futur premier secrétaire. Martine Aubry, qui a fait un bon score, devrait l'y aider. Sur le papier, l'exercice est facile : les trois premières motions de tête, qui incarnent le réformisme, regroupent 80 %. Mme Royal a tout intérêt à laisser sa candidature à la tête du PS au "frigidaire" et à passer le relais à une nouvelle génération. De l'audace !
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