« Commission des comptes de la Sécurité sociale : la confirmation de l’échec des réformes Fillon et Douste-Blazy |
Accueil
| Sarkozy déterminé à s'attaquer au « millefeuille » territorial »
Alain Marleix confie : « Le redécoupage, je l'ai dans la tête. » Et c'est bien ce qui inquiète l'opposition ainsi que quelques députés de la majorité. Tout redécoupage est en soi soumis au soupçon (il est tellement tentant pour un gouvernement de favoriser son camp). « Tant que les choses ne sont pas claires, j'ai des inquiétudes partout », insiste Bruno Le Roux, spécialiste électoral du PS.
Les tractations qui ont entouré le vote de la réforme institutionnelle et les coups de fil concomitants d'Alain Marleix - « par courtoisie », assure ce dernier - aux députés hésitants ont encore accru la suspicion. Le secrétaire d'Etat s'en défend. Il promet un redécoupage « clair, républicain et pondéré » et a déjà songé à la composition de la « commission indépendante », créée par la récente réforme institutionnelle et chargée de contrôler son travail : « Des personnalités de très haut niveau de tous bords et dégagées de la politique active. »
Il y a les obligations anciennes et les nouvelles contraintes. S'y conformer nécessitera un « remodelage », dixit Alain Marleix, qui cite l'exemple du Rhône. Ces obligations suffiraient, à elles seules, à faire naître l'inquiétude, or il faut y ajouter deux contraintes de taille, issues de la récente réforme institutionnelle. D'abord, maintenir inchangé le nombre de députés (577) alors qu'en 1986 90 sièges avaient été créés : « A l'époque, on avait du mou. Là, ce sera sans anesthésie », soupire le secrétaire d'Etat. Il faut aussi représenter à l'Assemblée les Français de l'étranger. Autrement dit : pour faire la place à ces derniers, il faudra supprimer autant de circonscriptions existantes, soit « une dizaine ».
Les idées de Marleix inquiètent aussi. Combien d'habitants représentera un député et combien de kilomètres devra-t-il parcourir pour se faire élire ? Parce qu'il faut trouver un équilibre entre ces deux paramètres, le secrétaire d'Etat imagine une répartition des sièges « par tranches » (« environ 110.000 habitants » pour un député) et « fractions de tranche » (un département de 160.000 habitants pourrait en avoir deux). Comme une stricte application de ce principe transformerait certains élus en marathoniens, Alain Marleix entend respecter « la tradition héritée de la IIIe République » selon laquelle un département ne peut pas avoir moins de deux députés même si, comme la Lozère (75.000 habitants), il est très peu peuplé. En revanche, il n'entend pas se priver de la possibilité de partager un canton entre deux circonscriptions (c'est autorisé au-dessus de 40.000 habitants), ce que conteste déjà le PS par crainte de « la multiplication des coups de ciseaux ».
Travaux pratiques sensibles. « Je veux redécouper le moins possible. Ce ne sera pas un charcutage. Ce ne sera pas sanglant », répète Alain Marleix, soucieux de rassurer. Une « moitié » des départements devraient tout de même être concernés. Certains comme le Nord, le Pas-de-Calais, la Somme, la Seine-Maritime, Paris ou encore l'Allier et la Corrèze devraient perdre des élus quand l'Hérault, la Haute-Garonne, la Gironde, l'Isère, le Var ou la Seine-et-Marne et le Val-d'Oise en gagneront. Le passage à l'acte sera forcément douloureux, y compris dans les rangs de la majorité. La Marne, où « il faut supprimer une circonscription », compte cinq députés UMP et un Nouveau Centre. « J'ai vu 90 % des députés de la majorité et peut-être 50 % de ceux de gauche », assurait il y a quelques semaines le secrétaire d'Etat. C'est précisément ce que la direction du PS veut éviter.
Les soucis de la gauche. Dans le huis clos d'une réunion du groupe PS à l'Assemblée à la mi-juillet, Bruno Le Roux a averti ses camarades : « Ne tombez pas dans le piège de Marleix, qui rencontre les députés un à un. » Depuis, le secrétaire d'Etat s'est engagé à recevoir les députés « par groupes et en présence de Bruno Le Roux ». Le « monsieur Elections » du PS veut être au courant de tout, car il se méfie d'un « redécoupage qui ferait plaisir à tous les députés », renforçant les circonscriptions de gauche et de droite. Cela compliquerait le basculement d'un camp à l'autre des terres d'élections et rendrait plus difficile un changement de majorité à l'Assemblée.
L'utilisation des commentaires est désactivée pour cette note.
Commentaires