Depuis de nombreux mois, tous les instituts de conjoncture indiquent que la croissance française sera de 1,5% en 2008, et non 2,25% comme prévus dans le budget 2008.
Acculé, le gouvernement vient de prendre partiellement acte de ses erreurs en indiquant que le déficit public a dérapé en 2007 et que la croissance serait « de 1,7% » en 2008. Mais, il ne tire aucune conclusion de cet aveu tardif, puisque le Premier ministre indique que « cette révision n’aura aucun effet sur le budget 2008 ».
Le Parti socialiste condamne l’aveuglement du gouvernement qui ne tire aucune conclusion de ses propres dénégations. Une telle erreur de prévision aura bel et bien des répercussions, puisqu’elle privera l’État 10 milliards d’euros de recettes fiscales. De plus, le gouvernement devra parallèlement mettre en œuvre un plan de rigueur d’une ampleur analogue s’il souhaite respecter son engagement de ramener le déficit public à 2,3% du PIB fin 2008. Or, il ne dispose d’aucune marge de manœuvre, puisque l’intégralité des crédits budgétaires qu’il a gelé (7 milliards d’euros) suffit à peine à couvrir le montant de ses promesses électorales hâtives et non financées (6,8 milliards d’euros).
Le choix du gouvernement de maintenir le paquet fiscal va donc le pousser inéluctablement à mettre en place un plan de rigueur de 20 milliards d’euros en deux temps : un « tour de vis budgétaire » suivi d’une hausse des prélèvements pesant sur les ménages. Pour le Parti socialiste, la rigueur n’est pas une fatalité mais un choix.
Le Parti socialiste demande donc une nouvelle fois l’annulation du paquet fiscal, préalable incontournable pour dégager les marges de manœuvres nécessaires au financement :
• de mesures en faveur du pouvoir d’achat : baisse de la TVA sur les produits de première nécessité, réduction des taxes pesant sur les carburants, hausse de 50% de la Prime pour l’Emploi, adoption d’un plan de rattrapage des traitements dans la fonction publique, revalorisation immédiate de 5% pour toutes les petites retraites, généralisation du chèque transport ;
• de la restauration de la compétitivité en profondeur de nos entreprises : refonte des aides aux entreprises pour mettre en place une fiscalité sur mesure en direction des PME exportatrices ou innovantes, modulation de l’impôt sur les sociétés en fonction de l’investissement des entreprises, hausse de l’effort budgétaire en direction de la recherche, de l’innovation et de l’enseignement supérieur.
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Communiqué de Michel Sapin, ancien ministre, secrétaire national à l’économie et à la fiscalité du parti socialiste
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