Après plus de trois heures de discussions rappelant parfois, selon la ministre, les grandes heures de la loi Veil de 1975, la proposition de loi socialiste visant à pénaliser les sites de "désinformation" sur l'interruption volontaire de grossesse a été adoptée en nouvelle lecture, avec les voix de la gauche et de l'UDI.
Le texte repassera au Sénat le 14 février, avant son adoption définitive par l'Assemblée d'ici fin février.
La Ministre des Droits des femmes, Laurence Rossignol a regretté l’attitude des Députés de droite. Le groupe LR présent à l'Assemblée nationale ne comptait aucune femme, pour débattre de l'extension du délit d'entrave à l'IVG.
"Où sont les femmes des Républicains ? (...) Vous avez rassemblé douze hommes pour parler de l'utérus des femmes, des grossesses des femmes, des IVG des femmes", a lancé le matin la ministre à la droite, représentée par "le groupe de l'Entente parlementaire pour la famille, les mêmes qui ont fait la guerre contre le mariage pour tous".
Pourtant, la seule Députée LR présente en début d’après-midi, l'ex-ministre de la Parité Nicole Ameline a, elle, précisé ne pas vouloir s'opposer au texte malgré "des interrogations légitimes sur la liberté d'expression".
Laurence Rossignol a exprimé son inquiétude. "la voix de celles et ceux qui contestent le principe même du droit à interrompre une grossesse non désirée se fait de plus en plus forte" et "la campagne présidentielle offre une formidable caisse de résonnance à leur discours rétrograde".
Le candidat de la droite François Fillon a "soutenu l'investiture par Les Républicains des membres de Sens commun", émanation des anti-mariage pour tous, "dans plusieurs circonscriptions", s'est aussi indignée la ministre.
Elle a également évoqué "un contexte international de montée des conservatismes et des extrémismes religieux qui veulent organiser le contrôle du corps des femmes et de leur sexualité".
"Partout dans le monde, il souffle un vent mauvais sur les droits et libertés des femmes", a ajouté cette partisane de Manuel Valls pour la primaire PS. Elle a notamment évoqué les premières mesures anti-avortement du président américain Donald Trump, "misogyne et rageur".
Le texte voté prévoit que sera puni de deux ans d'emprisonnement et 30.000 euros d'amende "le fait d'empêcher ou de tenter d'empêcher de pratiquer ou de s'informer" sur l'IVG "par tout moyen, y compris par voie électronique ou en ligne".