L'apologiste du modèle communautariste religieux...
Pour le ministre en charge des cultes, la religion est bien plus qu’une affaire de convictions personnelles: il s’agit d’un outil de régulation de la société, propice à l’éducation des jeunes et dont la "charité" sociale permettrait de réduire l’intervention de l’Etat.
Nicolas Sarkozy se fait aujourd’hui le chantre de notre République laïque et le premier rempart contre le communautarisme. Mais cette posture n’est que le camouflage d’un projet de société directement importé des Etats-Unis et tendant à réguler la société par les religions.
Son bilan, en tant que « ministre en charge des cultes », exempt de toute ambiguïté, est lourd de menaces pour l’avenir: non content de mettre à mal la loi de 1905 et les fondements de "la laïcité à la française", Nicolas Sarkozy a pactisé avec les islamistes de l’Union des organisations islamiques de France, favorisé l’ascension médiatique de Tariq Ramadan, fait preuve d’une étrange bienveillance à l’égard des sectes, allant jusqu’à recevoir en grande pompe l’un des prosélytes les plus célèbres de l’Eglise de scientologie, l’acteur Tom Cruise.
Il a ensuite théorisé son action et trouvé son inspiration outre-Atlantique. Très attachés, pour des raisons historiques, à leur liberté individuelle, les américains ont toujours préféré en appeler à la charité chrétienne plutôt que d’accorder trop de pouvoirs à l’Etat. On comprend mieux alors la fascination de Nicolas Sarkozy pour le modèle américain: raviver les sentiments communautaires et la religiosité dans un contexte de progression de l’individualisme permettrait de substituer la solidarité nationale des solidarités communautaires, et ainsi, de réduire le poids de l’Etat-providence dans l’économie.
Et pourquoi ne pas solliciter la charité religieuse pour régler les difficultés de nos finances sociales ! Le meilleur ami des Américains n’ignore pas qu’aux USA, la moitié des hôpitaux et les deux tiers des organisations d’assistance sociale relèvent du secteur privé à but non lucratif: la relégitimation du rôle social et politique des religions est en fait la première étape de la délégitimation de l’Etat-providence. Si adapter notre système de sécurité sociale est une nécessité, le démanteler marquerait un retour à l’Europe des années 1930.
L’avocat de l’Union des Organisations islamiques de France
Nicolas Sarkozy se félicite d’avoir réussi à organiser l’islam de France, là où tant de ministres en charge des cultes ont échoué depuis 20 ans. En fait sa politique est un échec total.
Le Conseil français du culte musulman (CFCM) n’est plus qu’une coordination fantoche. Les trois grandes tendances qui le composent ne sont jamais parvenues à travailler ensemble.
Surtout, Nicolas Sarkozy a intronisé l’UOIF, une organisation musulmane intégriste et minoritaire, comme représentant officiel de l’islam de France. Fin 2002, il décide de « vendre » le futur CFCM aux plus radicaux.Le CFCM ne sera pas élu par les centaines de milliers de musulmans pratiquants, mais par des délégués dont le nombre sera établi en fonction de la superficie des mosquées et non de leur fréquentation : les hangars aux trois quarts vides de l’UOIF assureront son succès.
L’islam libéral est sacrifié. Pour le mufti de Marseille, Soheib Bencheikh ; « tout le monde est représenté au CFCM, sauf l’essentiel, l’islam de France qui a cru à l’intégration, à la sécularisation de la société et à la privatisation de la foi.
En dépit des dénégations de Nicolas Sarkozy, l’UOIF ne s’est pas modérée au sein du CFCM. Elle refuse la séparation de l’Eglise et de l’Etat et place le droit divin au-dessus des lois de la République. D’ailleurs, jamais la mobilisation de l’UOIF tendant à présenter la laïcité comme une violation de liberté n’a été aussi forte que lors de la troisième crise du voile en 2003 et 2004.
Nicolas Sarkozy se revendique comme l’ami exigeant des musulmans, il est en fait devenu l’avocat de l’UOIF.
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