Un remarquable article de Thomas Piketty, directeur d’études à EHESS, dans Libération du 9 avril 2007. En voici quelques morceaux choisis :
"...Les candidats masculins peuvent se permettre d’aligner les inepties économiques (Sarkozy) ou encore de revendiquer le vide de leur programme (Bayrou). Mais il suffit que la candidate Royal laisse un détail dans l’ombre pour que sa compétence économique soit immédiatement remise en cause...".
De nombreux exemples sont cités.
L’annonce faite par Sarkozy d’abaisser les impôts de 4 points de PIB au cours de son mandat.
"… Promesse invraisemblable s’il en est, puisque même Margaret Thatcher, en dépit de ses coups de boutoir forcenés sur les dépenses publiques, n’est parvenu à les réduire que de 2 points en dix ans !.."
Le candidat UMP prétend vouloir revaloriser le travail mais en même temps il favorise la rente en supprimant l’impôt sur la fortune acquise par héritage.
"…Et nombre de journalistes semblent hésiter à pointer cette évidente contradiction…".
Sarkozy comme Bayrou paraissent envisager une hausse de la TVA, en oubliant au passage que c’est ainsi que Chirac et Juppé avaient cassé la croissance en 1995.
L’exonération des heures supplémentaires défendues par le candidat UMP servira ceux ayant un emploi, mais sera de peu d’utilité pour ceux qui sont à chercher leur première heure de travail. Quand à l’exonération complète des charges pour deux emplois par entreprise, défendue par le candidat UDF, on croit rêver. Applicable à toutes les entreprises quelle que soit leur taille et à tous les salariés quels que soient leur qualification et leur salaire, il est difficile d’imaginer un dispositif qui maximise à ce point les effets d’aubaine.
Difficile de ne pas imputer au machisme économique ambiant la virulence des critiques adressées ces derniers jours au contrat première chance, proposé par Ségolène Royal.
"... Que l’on reproche à ce nouveau contrat d’être encore incertain dans ses paramètres, passe encore. Il reste que la comparaison avec le CPE n’a aucun sens. Alors que ce dernier concernait tous les jeunes et les mettait sous la coupe réglée des entreprises, le contrat première chance se concentre sur la petite minorité de jeunes sortis sans qualification du système éducatif et leur propose un parcours de formation en alternance…".
"... Plus généralement, la vérité est que Royal est la candidate la plus crédible pour s’attaquer au premier défi économique de la France, à savoir le déficit abyssal d’investissement dans la formation, la recherche et l’innovation…".
"... Elle est la seule à tenir les deux bouts de la chaîne en proposant à la fois de lutter contre l’échec scolaire à la racine et d’offrir au supérieur et à la recherche l’autonomie et la souplesse nécessaires pour figurer en bonne place dans la compétition internationale…".
"…Elle est la seule à pouvoir mener de concert ces réformes de structure tout en assurant l’indispensable hausse des moyens en faveur des universités…".
" ... La victoire de Ségolène Royal permettrait de sortir enfin du machisme économique hexagonal...".
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