Depuis quelques jours, les historiens de l'art s'arrachent les cheveux, pour décider de la place à attribuer à la photo parue dans «la Montagne », montrant bras-dessus, bras-dessous, notre triumvirat bleu-blanc-vert ; qui s'est accaparé les clubs de football de notre agglomération, de la même manière que Bonaparte, Sieyès et Ducos, s’étaient accaparé la France en 1799 (« La confiance vient d'en bas, l’autorité vient d'en haut ») Qui est Bonaparte, qui sont les deux autres, je vous laisse deviner!
Faut-il offrir ce cliché (que ne renierait pas Yann Arthus-Bertrand), au Musée des arts modernes, tant il est ridicule ? Faut-il le classer, accompagné de son article, dans les "poissons d'Avril, faits un autre jour que le Premier Avril » ? Ou bien faut-il encore, créer une poubelle spéciale pour le jeter, tant il est le symbole de l'histoire à laquelle nous assistons depuis plusieurs semaines, qui ressemble de plus en plus à une mascarade ? Nous ne savons pas encore.
Toujours est-il que, à chaque rebondissement, on avance toujours plus loin dans le burlesque, et, l’« accord » de la semaine dernière est l'illustration cynique, paroxysmale du déni de démocratie, que se permettent de faire, au nom du pragmatisme-si telle en était bien la raison-, nos trois amis. Monsieur Périssol ; Maire de Moulins, garant de la loi sur son territoire, candidat (malheureux) aux dernières sénatoriales, plusieurs fois député, et probablement candidat à la députation l'année prochaine, ancien ministre ; s’est permis, à de nombreuses reprise, de bafouer et de piétiner les lois relatives aux associations, et qui leur garantissent un minimum d'indépendance, par rapport au pouvoir politique(avec une association de sa propre ville) : Lors du premier vote sur le projet de fusion, le CA de l'ASM vote « non ». Que nenni pour notre autocrate, qui fait re-convoquer un nouveau CA, qui, cette fois, vote-ô surprise « oui » ! Quelques semaines plus tard, parents, éducateurs, conscients que le projet en cours est très mal préparé, manifestent devant la mairie de Moulins et le siège de l'ASM, et proposent un contre-projet. Celui est choisi par le CA Asémiste. Qu'importe pour notre monarque local, qui balaie ce nouveau vote démocratique d'un revers de manche. L'occasion de rentrer dans l'histoire est trop belle, il sera celui qui a uni, contre vents et marées, et peu importe, si le club de l'ASM a bu la tasse, avec sa bienveillance (alors qu’Éric Buisson, ancien conseiller municipal, était trésorier du club...).
Par ailleurs, comment se fait-il, qu’en début de saison, Dominique Ray, affirmait que la « fusion on en parle que lorsque l'ASM est en difficulté », et qu'aujourd’hui, celui-ci soit l'un des chantres de la fusion, au point de mener des négociations, et de faire des accords, non seulement dans le dos des supporters (nous y étions habitués), mais dans le dos de son propre CA ? Là encore, le droit des associations est bafoué, et, quelle que soit l'association, le premier rôle d'un président est de(faire)respecter la loi, à l'intérieur de celle-ci. De plus, lui qui est garent de l'intégrité de l'ASY, comment peut-il se targuer, au nom des Yzeuriens de « l’accord » (la farce) signé, et comment peut-on affirmer, sur le site de l'ASY, qu’il n'y a pas de fusion, et indirectement que l'ASY garde sa souveraineté ?
Pour pouvoir s'inscrire dans le championnat, l'ASM n'existant plus, il faut utiliser, me semble-t-il, le numéro d'affiliation de l'ASY je crois ? L’équipe devient donc Moulins-Yzeure football (!), récupère des joueurs de l'ASM, le tout financé en partie par la municipalité de Moulins (!) et son Maire, qui, au lieu de financer dans sa propre ville un projet, qui permettrait aux amateurs de football moulinois de vivre leur passion (30000 octroyés avec le sourire, on croit rêver !), et d'assumer l'échec de l'ASM ; finance le club (sain financièrement lui) d’une ville voisine !!!
Alors de qui se moque-t-on ? On joue avec les mots, car s’il ne s'agit pas d'une fusion sur le fond, il s'agit bien d'une fusion sur la forme ! Les fusionnistes (y compris les joueurs grévistes de l'ASM), avaient en outre, plaidé leur cause, en défendant l'idée d'une grande équipe sur l'agglomération : Il y a une semaine, M. Périssol (encore lui), parlait de 1,2 millions d'euros. Sur l'article, qui nous fait tant rire, on apprend que le budget a fondu de quasiment la moitié (!). Quelques jours auparavant, Vincent Rondet, autre fusionniste, le président démissionnaire de l'ASM, vient jouer les pleureuses, en expliquant qu'avec 500000 euros, on ne peut pas exister ! Alors quel projet ? Perdre deux équipes de CFA, pour n'en avoir qu'une (hybride) en CFA ? C'est cela que nous voulons ?
Quant à l'argument bateau « on ne peut pas avoir deux équipes dans l'agglo", ce n'est pas la présence de deux clubs qui a coulé l'ASM, mais la mauvaise gestion de l'argent. Cette émulation, ces deux clubs étaient une chance, non une tare. Si nous voulions créer un grand club, qui concerne tout le monde, il aurait déjà fallu commencer par la base, et par ceux qui aiment le football, leur club, qui font vivre le football amateur, car le dénominateur commun du football amateur, par définition, c’est la passion. Malheureusement, à l'heure actuelle (cela ne va pas s'arranger, je crois), il faut bien prendre en compte et considérer le facteur « capital », mais cela ne fait pas tout.
Dans cette histoire, il y a aussi la définition que nous voulons donner au sport amateur. Toutes les tergiversations autour de cette fusion, correspondent-elles aux aspirations de la majorité des supporters de l'ASM, et de l'ASY, je ne le crois pas. Si, tous, nous avions été consultés, si tous, nous avions pu donner notre avis, et avoir le sentiment de participer au projet, au lieu qu'une poignée de politiques, dirigeants, et médias décident pour nous ; nous n'en serions pas arrivés à cette situation. J'ai l'intime conviction, en tout cas (je passe les réflexions, voire les insultes, proférées envers les opposants à la fusion, sans oublier leur absence dans le média local, heureusement, nous sommes défendus par M. Chambefort) que, si toutes ces négociations se sont faites en catimini, c'est parce que ceux qui les ont menées, savaient qu'ils ne remportaient pas l'adhésion de la majorité, et que des intérêts, autres que sportifs, sont en jeu.
Bref, nous assistons depuis fin Avril, à un déni de démocratie : un maire qui bafoue la loi, qui se fait président de deux clubs de football, qui se fait adjoint aux sports, à la place de l'adjoint aux sports. Un autre maire, qui laisse faire, un président de club, qui se fait, le sourire aux lèvres, dicter sa loi, par le maire de la commune voisine, puis vient dire que son club sort renforcé de l'histoire, des supporters, qui font partie de la famille d'un club de football, qui sont sa base, complètement laissés de côtés (on ne s'intéresse à eux que lorsqu'ils payent leur place), les jeunes oubliés aussi, et j'en passe. Sans oublier toutes les entorses aux lois civiles et sportives (un bon juriste y passerait des heures, j’en ai relevé plusieurs) ... Alors, certes, ce n'est que du football, mais cela symbolise bien la société dans laquelle nous vivons : argent, pouvoir, au détriment de la passion, du plaisir et de l'intérêt général. Comme disait Th. Jefferson "lorsque le gouvernement craint le peuple, c'est la démocratie ; lorsque le peuple craint le gouvernement, c’est la tyrannie".
P Gance